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El Jadida retrace l’histoire de ses juifs

“La communauté juive de la ville d’El Jadida” est le nouveau livre récemment publié par Mustapha Jmahri, journaliste de formation et membre de l’Union des Ecrivains du Maroc. La préface est de Nelcya Delanoë, professeur d’histoire à l’Université Paris X, lui-même issu d’une famille jdidie.

Cet ouvrage, en 104 pages et qui a nécessité deux années de travail, est une étude monographique sur la communauté juive d’El Jadida des points de vue historique et démographique. Elle porte sur son évolution, sur le phénomène de la protection consulaire, sur son apport économique et social, sur les familles et ensuite sur les raisons de l’exode. L’étude s’achève, enfin, sur une série de témoignages de Juifs et de musulmans originaires de cette ville ou de sa région.

L’auteur signale dans l’introduction les difficultés rencontrées lors de sa recherche notamment l’inexistence de traces écrites sur cette communauté. La méthodologie adoptée pour la réalisation de ce travail repose sur la collecte des données à travers trois sources: écrits notamment français, témoignages d’anciens habitants locaux et enquête sur le terrain (visite des lieux fréquentés ou habités par la communauté juive). Mustapha Jmahri est particulièrement fasciné par l’histoire d’El Jadida/Mazagan. A son actif, “Bibliographie sur l’histoire d’El Jadida” (1993), Les consulats étrangers à El Jadida (1994), “La Cité de Mazagan” (1998) et “Tout savoir sur El Jadida et sa Région” (2001). Par sa curiosité, il veut faire émerger l’histoire de la ville, à la fois port et forteresse. El Jadida/Mazagan, cité fort ancienne et au passé très riche, n’a pas encore dévoilé tous ses secrets, commente Nelcya Delanoë. En se concentrant cette fois-ci sur l’histoire de la communauté juive de la région, l’écrivain ajoute des pages essentielles à cette enquête. En effet, il montre d’abord que cette communauté est d’origine antique puisque sa présence remonte à celle des Juifs des Doukkala, eux-mêmes originaires, pense-t-on, de tribus juives du Rif ou du Souss. Des témoignages parlent également du commerce des Juifs du Maroc avec les Romains au IVe siècle avant J.-C.
Ainsi, à travers cette histoire de la communauté juive d’El Jadida/Mazagan – en constante évolution jusqu’à, malheureusement, sa quasi-disparition à la fin du XXe siècle - le lecteur prend mieux conscience de la complexité de l’histoire, non seulement des juifs du Maroc mais du Maroc et des Juifs. Ainsi, quelques clichés sont battus en brèche et l’ignorance repoussée d’autant. Certes, le lecteur n’en a que plus de regret devant la brusque fin de ces mondes judéo-berbéro-arabo-européens qui coexistèrent si longtemps pour être, ensuite, si rapidement enfouis au-delà de toute mémoire. “Il faut décidément être reconnaissant à Mustapha Jmahri de travailler à remettre celle-ci en marche et à la faire revivre en ces quelques pages”, conclut le professeur d’histoire.


Reconquista

Aux juifs berbéro-arabes, sont venus s’ajouter les juifs de Castille, réfugiés, entre autres, au Maroc, particulièrement à Azemmour et El Jadida/Mazagan, après les débuts de la Reconquista. “D’où une onomastique jdidie très variée, aux origines typiques, que Jmahri prend bien soin de consigner et de nous transmettre”, retrace Delanoë. A celle-ci, se sont bientôt ajoutés les patronymes de juifs venus avec le protectorat, du fin fond de la Pologne aux faubourgs parisiens, belges ou italiens.

Source : L'Economiste

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