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Nadia Lamlili reçoit le prix CNN de la presse francophone

Cette jeune journaliste marocaine de 31 ans a décroché, le 25 juin, le prix CNN de la presse francophone. Chapeau bas !

Elle a plutôt l'habitude de parler des autres. Mais, une fois n'est pas coutume, ce sont les autres, cette fois, qui ont parlé d'elle. Elle, c'est Nadia Lamlili, de l'hebdomadaire marocain L'Économiste. Cette Casablancaise d'origine berbère a reçu, le 25 juin, le prix de la presse francophone de la chaîne américaine CNN, qui organise chaque année un grand concours pour distinguer les meilleurs journalistes du continent africain. Un prix qui lui a été décerné lors d'une cérémonie prestigieuse à l'hôtel Safari Park de Nairobi par la Camerounaise Shasha Ndimbie, éditrice indépendante, consultante et présentatrice du journal télévisé de la Cameroon Radio Television Corporation (CRTV).

« Lorsque j'ai débarqué au Kenya, je ne savais pas que c'était l'hiver dans cette partie de l'Afrique. Alors, je n'ai pas emmené mes tricots... Mais quand le jury a prononcé mon nom, j'ai senti qu'il faisait très chaud et que c'était l'été », a plaisanté Nadia, trophée en main, à la tribune. Ce qui n'a pas manqué de déclencher les rires des six cents invités présents.

Première Nord-Africaine à être primée dans cette compétition, la Marocaine a été consacrée pour son article « Quand je serai grand, je veux être migrant », paru dans L'Économiste du 21 septembre 2004, qui décrypte la psychologie des hommes et des femmes en quête de nouveaux destins, les routes qu'ils empruntent, l'inefficacité des mesures prises pour les en dissuader et la mafia des passeurs. Un article pour lequel elle a mené une longue enquête et qui met les responsables politiques africains et européens devant leurs responsabilités. D'où ce commentaire flatteur du jury : « Sa spécificité est d'offrir des solutions ou pistes de solution pour résoudre les problèmes migratoires en Afrique. Que doivent faire les gouvernements pour empêcher les citoyens de quitter leur pays ? Réduire le chômage, la pauvreté, la corruption ?... C'est une analyse très riche, bien écrite et documentée. »

« Ce prix est un honneur pour moi et mon journal », dit celle qui est attachée plus que tout à L'Économiste et qui a déjà refusé des propositions beaucoup plus avantageuses.

Après une licence en langue et littérature françaises et des études de journalisme, elle intègre l'équipe de l'hebdomadaire en 1998. D'abord au bureau de Rabat, où elle est chargée de suivre les questions macroéconomiques pendant quatre ans. Par la suite, la direction la nomme responsable de la section desk au siège de l'hebdo, à Casablanca. Elle s'occupe, depuis un an, de la rubrique « Analyses », où elle est chargée des sujets politiques et diplomatiques, notamment l'émigration clandestine, le conflit du Sahara, la vie des partis, les relations avec l'Amérique latine.

« Ce métier est formidable ! Chaque matin, on se sent nul et, le soir, un peu moins bête », soutient Nadia, l'oeil qui pétille. Professionnellement, elle a fait de l'humilité l'une de ses premières règles. Elle écoute donc, consulte, lit beaucoup avant de se forger une opinion. Ses supérieurs disent qu'elle écrit « avec ses tripes » et qu'elle est aussi modeste que sans complaisance. Elle peut aussi parfois être naïve pour aller jusqu'au bout de la vérité, mais toujours intransigeante quels que soient les faits. Nadia souhaite se consacrer à sa vocation le plus longtemps possible et espère que la presse marocaine va continuer à s'émanciper et à se développer. Si elle passe le plus clair de ses journées à la rédaction, cette célibataire de 31 ans a également une vie en dehors du journal. Elle aime se retrouver en famille - son père est enseignant, sa mère, femme au foyer, et son frère, en formation à Kénitra pour devenir caïd (responsable administratif) - mais aussi lire, sortir, aller au cinéma, et surtout voyager, au Maroc, en Afrique et partout à travers le monde. « Je suis curieuse d'apprendre comment les gens vivent au niveau culturel et social », explique-t-elle. Nadia n'est pas seulement une investigatrice et une « faiseuse d'histoire », elle est aussi une femme d'action, comme en témoigne son engagement durable au profit de l'association de bienfaisance de l'orphelinat de Sidi Bernoussi, à Casablanca.

PASCAL AIRAULT
Source : Jeune Afrique

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