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Andalussyat séduit les Marocains de France

Il aura fallu qu’Andalussyat, le festival des rencontres de la musique andalouse, s’exporte hors du Maroc pour que l’on reconnaisse enfin la popularité du genre. Dans le cadre d’Andalussyat 2007, deux soirées à la programmation authentique (Orchestre Abdelkrim Raïss dirigé par maître Mohamed Briouel et Amin Chaachoo), ont été organisées à Paris.

Le succès qu’ont connu les deux manifestations apporte de l’eau au moulin des jeunes «réformistes» de l’Association des amateurs de musique andalouse. Ces derniers prônent une meilleure accessibilité de cet art au public.

Par deux fois, les artistes, ceux-là même à qui on prête un public de moins en moins fidèle, se sont produits à guichet fermé dans la salle de l’Institut du monde arabe (IMA). Hasard du calendrier, l’IMA célébrait son 20ème anniversaire, lequel coïncide avec le cinquantième anniversaire de l’Association des amateurs de la musique andalouse au Maroc. «Les billets mis en vente à la Fnac ont été épuisés avec une rapidité qui a «étonné» les responsables de l’IMA», affirme Aziz Alami, membre actif de l’association ayant fait le déplacement à Paris.

Dans la salle, le public était composé de fins connaisseurs, d’intellectuels maghrébins, mais aussi d’occidentaux en quête de découverte. La communauté marocaine, en particulier, ne pouvait pas manquer le rendez-vous. «Les marocains de la Ghorba (exil) ont besoin d’affirmer leur identité», confie Mouâd Jamai, le président fondateur d’Andalussyat.

En réalité, si cette manifestation a pu prendre cette dimension internationale, c’est en grande partie grâce au travail marketing conduit par les réformistes. C’est sous leur impulsion que l’association est sortie des circuits classiques (soirées privées, projections élitistes, fêtes religieuses…) pour explorer la voie d’un festival national ouvert au public résidant au Maroc, puis à l’étranger.

Casandalouse est devenue Andalussyat. «Nos artistes se sont produits à Paris et dans des villes d’Espagne, et Séville et Grenade luttent pour héberger les prochaines éditions de l’évènement. Nous avons Alger en ligne de mire, et cela fait plusieurs années que nous recevons des troupes du monde entier», se félicite Mounir Sefrioui, président des 4e rencontres Andalussyat 2007.

«L’internationalisation n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les “réformistes” se sont fixés un autre challenge: réaliser un travail de mémoire avec la publication d’un livre sur la musique andalouse, son histoire et ses figures emblématiques, ainsi qu’un film ayant les mêmes objectifs», précise Abdelhamid Es-sbai directeur artistique des 4e rencontres Andalussyat 2007. Des actions qui ont eu les faveurs de l’ancienne garde: ce qui ne fut pas toujours le cas!

La musique mieux que la politique!
Aujourd’hui, et pour la première fois de son histoire, la musique andalouse est supportée par une manifestation financièrement autonome. Celle-ci replace la musique andalouse en mandataire de bons offices conciliant entre Marocains, Algériens et Espagnols dans un climat qui est, par ailleurs, plutôt mis à mal par les politiques.

Pour les réformistes, il subsiste un chantier de taille: faire admettre à la vieille garde la nécessité d’ouvrir la musique andalouse aux autres genres et aux jeunes talents. Faire en sorte qu’elle devienne une musique urbaine.

Khalid El Jaï
Source: L'Economiste

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