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Trois Nouvels Ans fêtés en janvier

A chacun son Nouvel An. Près d’une semaine après le 1er janvier, le monde musulman s’apprête à fêter à son tour l’avènement du Nouvel An de l’hégire 1429. Etant en rapport avec l’apparition du croissant lunaire, le 1er Moharram coïncidera probablement, au Maroc, avec le jeudi 10 janvier.

Fruit du hasard, c’est en janvier 2008 que se fêtent trois Nouvels Ans. Chacune de ces fêtes a une valeur particulière. La première était celle du 1er janvier de l’année grégorienne d’inspiration chrétienne, la seconde c’est le 1er Moharram, ou Ras el Am en langage parlé.
Son an zéro est l’Hégire du Prophète à Al-Madina (la ville du Prophète), surnommé al-Mounawwara, «l’Illuminée». C’est le 10e jour de Moharram que les festivités pour Achoura commencent. Selon la tradition musulmane, un jeûne facultatif est observé par les croyants (Voir aussi les chroniques de Mouna Hachim, écrivain-chercheur, www.leconomiste.com).

Quant à la troisième fête, elle concerne le nouvel an berbère ou Yennayer 2958 qui coïncide avec le 12 janvier. D’après les sites relatant l’histoire des civilisations, Yennayer est la fête célébrant le passage au nouvel an par les Imazighen. À l’instar des autres civilisations dans le monde, les Imazighen avaient leur propre calendrier bien ancien, basé à la fois sur les changements de saisons et les différents cycles de la végétation qui déterminent les moments cruciaux dans l’agriculture, et sur les positionnements des astres comme la lune et le soleil… Pour la célébration de Yennayer, le rituel se rapporte à la préparation d’un dîner, riche et copieux, à base de poulet. Idem pour le 1er Moharram, jour où les familles marocaines festoient et offrent des plateaux de fakia (fruits secs).

Pour l’histoire, Moharram est le premier mois du calendrier musulman. C’est l’un des quatre mois sacrés de l’Islam avec Rajab, Dhou al Qi’da et Dhou al Hijja. Ce mois est l’un des plus importants dans le calendrier musulman, notamment pour les Chiites. A partir du 2e jour, ces derniers commémorent le massacre des partisans d’Ali à la bataille de Kerbala (notamment Hussein ben Ali), par les sunnites. Pour eux, les dix premiers jours du mois sont, au minimum, austères et marqués par les prières et les privations (pas de musique, ni de télévision, ni de repas riches...).

Ce mois est appelé Mouharram car il aurait été illégal de combattre durant cette période. Ce terme dérive du terme arabe haram, signifiant à la fois sacré et interdit. Le mot hégire (exil, rupture, séparation) signifie en arabe «émigration», le sens de «rupture de liens» étant parfois rencontré. Il désigne la journée du 16 juillet 622 où se produisit le départ des quelques premiers compagnons du prophète de La Mecque vers l’oasis de Yathrib, ancien nom de Médine. Cet événement a créé alors une rupture fondamentale avec la société telle qu’elle était connue des arabes jusqu’alors...

Oumma, l’origine
Le prophète a rompu un modèle sociétal établi sur les liens du sang (organisation clanique), et s’est dirigé vers un modèle de communauté de croyance. Dans ce nouveau modèle où chacun est frère, il n’est plus permis de laisser à l’abandon le démuni ou le faible, comme cela était le cas avant. Bien entendu, les puissants clans de La Mecque vont tout faire pour éliminer cette nouvelle proposition de société diminuant leur pouvoir, mais tellement acceptée par les plus faibles. De par l’importance de cet évènement, le calendrier démarre à cette date où la Oumma, la communauté musulmane, naît officiellement.

Source: L'Economiste

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