La chaîne tamazighte pourra enfin prétendre à une existence légale. «Reconnue» par la HACA et dotée de 168 MDH, elle commencera à émettre dans les prochains mois.
Les activités royales seront couvertes par la chaîne tamazighte. C'est l'une des obligations contenues dans l'avenant du cahier des charges de la SNRT consacré à la chaîne en gestation et validé récemment par la Haca, (Haute autorité de la communication audiovisuelle). Ce document fixe les grandes orientations de la nouvelle chaîne qui sera disponible, via TNT et satellite, avec une programmation, généraliste. Dans un premier temps, cette chaîne émettra ses programmes à raison de 6 heures par jour du lundi au vendredi,et 10 heures les samedis et dimanches. Cette durée d'émission sera revue à la hausse un an après le démarrage dont la date n'a pas encore été fixée. En attendant, c'est le Premier ministre qui prendra le relais, dans une semaine, pour officialiser le financement réservé à cette chaîne, soit 168 MDH. «Nous aurons besoin encore de quelques mois pour ficeler la programmation et préparer les équipes», commente une source au ministère de la Communication.
Outre le financement de l'Etat, la chaîne amazighe pourra aussi compter sur la publicité. L'avenant au cahier des charges de la SNRT fixe la moyenne annuelle autorisée des spots publicitaires à 6 minutes par heure de diffusion alors que cette moyenne ne devra jamais dépasser les 8 minutes par heure de diffusion. Il est également stipulé que cette chaîne pourra bénéficier d'un parrainage. Pour ce qui est de la langue des programmes, le document stipule que ces derniers sont diffusés en langues amazighe, arabe et étrangères, mais aussi dans les dialectes nationaux. Toutefois, la proportion des programmes diffusés en amazigh ne devra pas être en dessous de 70 % du total annuel. Le document autorise aussi, et pour la première année, un pourcentage de 20 %, au maximum, de programmes doublés. Ce pourcentage est limité à 15 % à partir de la deuxième année.
Production nationale
La nouvelle chaîne, outre les grands principes énoncés dans le cahier des charges de la maison mère, sera également tenue à une production nationale en langue amazighe de deux heures de programmes, par jour, pendant la première année d'existence. Du reste, elle sera appelée à s'intéresser à tous les aspects de la vie nationale (culture, politique, débats, jeunesse, sports...). Elle vise à «fournir un moyen de communication moderne avec pour objectif de valoriser la composante amazighe, la langue, la culture, la civilisation et l'expression de la diversité culturelle qui fait le ciment de l'unité de notre pays et de l'identité marocaine», peut-on lire dans l'avenant validé par la Haca. La chaîne amazighe, avant dernier né du service public audiovisuel a été au centre d'une grande polémique depuis plus d'un an. Le projet, initié sous Driss Jettou et Nabil Benabdellah, a été à maintes fois reporté pour multiples raisons. Quand ce n'était pas le financement qui posait problème, c'était la vision générale qui alimentait que le débat, ainsi que les accusations adressés au gouvernement par les associations amazighes. Le concept, non plus, n'a pas été absent, et ne le sera sûrement pas, des virulentes critiques de ces ONGs. Il y a moins d'un mois, Abass El Fassi a tenté de dépassionner ce débat en recevant, coup sur coup, l'Institut de la culture amazighe et l'Association marocaine des études et des échanges culturels pour les féliciter pour leurs actions. Mais les «rassura» quant au bon cheminement de tout le projet.
Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos