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Secteur de l'énergie : Enjeux et manipulations

Hier ignoré, aujourd'hui priorisé, l'énergie est devenue un sujet central au Maroc. A l'instar des grandes puissances économiques et militaires de la planète, le Royaume, touché de plein fouet par la flambée du baril de pétrole, la pression démographique, la montée en charge de son économie et ses exigences, ont conduit le pays à prendre très au sérieux la question énergétique et son enjeu, tant sur la plan économique, social, mais surtout géopolitique.

Alors que l'Office de l'Electricité (ONE) annonçait des délestages, des coupures d'électricité, pour l'été 2007, au grand dam de la société, des citoyens, « otages » d'une situation injuste, des acteurs économiques, principales « victimes », mais bien silencieux, chacun, dans son petit coin, essayait de collecter de l'info. Malheureusement, aucune information crédible ne filtrait. En outre, l'ONE tenait son conseil d'administration, annoncé comme houleux, dans la plus grande indifférence générale. Des rumeurs persistantes faisaient même état du départ « forcé » du Dg Younès Maâmar, pour «incompétences et mauvaise gestion stratégique ». Il n'en fut rien. Des observateurs avertis allant justifier cela en déclarant que « le moment n'est pas venu d'écarter qui que ce soit. Certes, le Dg n'est pas à la hauteur des responsabilités imposées par la fonction, mais il bénéficie, pour le moment, du soutien d'un proche du sérail ». Au final, seul un « amendement » sous la forme d'un « droit de véto », administré par Driss Jettou à la direction générale de l'office public, sur l'exercice de communication externe, fait office de recommandations.

C'est ce flou artistitque, le silence «intrigant des opérateurs économiques, les positions controversées du ministre de l'Energie, Mohamed Boutaleb, du Dg de l'ONE, Younès Maâmar, de la montée crescendo de Driss Jettou, le Premier ministre (pour calmer le jeu) et des effets d'annonce, que nous allons tenter d'analyser pour mettre en perspective (et en lumière), les vraies raisons d'une conflit interne qui n'a eu qu'un seul mérite, celui de ternir l'image du pays auprès des investisseurs étrangers. Par ailleurs, la carte de l'apaisement a été jouée par le Maroc au moment où ces investisseurs étrangers ont interpelé l'Etat sur le sujet. Et, comme par magie, le spectre des coupures de courant s'est envolé. Que faut-il retenir? Que les menaces de coupures de courant ont fait l'objet de «pressions » exercées par des lobbys sur l'ONE par...l'ONE et autres acolytes de circonstances. Que cette « affaire » éclatait au moment où le gouvernement Jettou abordait la question de l'énergie et de la réflexion sur l'implantation de centrale nucléaire au Maroc. Hasard ou coïncidence? Peu importe aujourd'hui, car les « mouches ont changé d'ânes ! ».

En effet, le Maroc se trouve face à ses responsabilités et il est confronté à une situation plus que complexe. Au delà des mots et des maux (le déficit réel d'énergie et son aggravation à venir, inévitable faute d'infrastructures de production d'énergie existantes), les portes de sorties ne sont pas nombreuses. Si une véritable politique énergétique s'impose, son orientation est stratégique. Alors que la création d'un parc éolien est annoncé à Tanger, ce qui complètera l'offre avec Tetouan et Essaouira, cette initiative ne permettra pas de résorber le déficit. Dès lors, l'utilisation du nucléaire civil a fait son chemin. Et là, les choses se corseraient ! Non pas au niveau de la réaction des populations quant aux risques humains liés à la construction d'une centrale nucléaire (l'Etat s'attachera à verrouiller...), mais sur le plan régional. Si le Maroc ne peut avancer sur ce dossier qu'avec le soutien de la France, de l'Espagne (particulièrement intéressé par une centrale nucléaire installée au nord du Royaume, les espagnols pourront ainsi s'approvisionner au Maroc et éviter de prendre le risque politique de lancer de nouvelles centrales nucléaires en andalousie) et des Etats-unis. Quelle serait la réaction de l'Algérie? Elle-même dans une optique de recours à l'énergie nucléaire civile? Quel destin pour l'Union du Maghreb Arabe (UMA), déjà sous coma artificiel? De la gestion du conflit du Sahara?

Autant de questions dont les réponses constituent, certainement, un début de solution quant à la mise en place d'une politique efficiente en matière d'énergie, au service de l'intérêt...général.

Rachid Hallaouy
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