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Le dirham est-il totalement convertible?

Le meilleur pour la fin, dit l’adage. La lettre mensuelle du Centre marocain de conjoncture du mois de décembre, encore sous presse, a une allure de rétrospective. Elle traite de plusieurs thématiques ayant marqué l’actualité économique, politique et sociale du Royaume, tout au long de cette année qui s’achève.

Les experts du CMC se sont fait un malin plaisir, en rebondissant sur l’actualité internationale du dernier trimestre de cette année, marquée par les conséquences de la crise immobilière aux Etats-Unis. Une crise financière qui, selon eux, a agité et continue encore d’agiter les systèmes financiers internationaux, leurs mécanismes ainsi que leurs déterminants. Rappelons que cette situation trouve son origine dans la crise des «subprimes» aux Etats-Unis, intervenue cet été. «Elle est exacerbée par les cours record du brut de pétrole et la chute du dollar». D’où l’avertissement des experts du CMC qui estiment que cette crise continue de présenter une menace sur la croissance mondiale.

Au plan national, la lettre décrypte la constitution du nouveau gouvernement et le projet de loi de Finances 2008, mais réserve un traitement de faveur à la question de convertibilité du dirham. Un débat remis sur la table suite à l’entrée en vigueur des mesures prises par les autorités monétaires du pays, fin juin dernier (www.leconomiste.com). «Le Maroc est-il en mesure de libéraliser totalement le dirham en permettant notamment la convertibilité des opérations encore soumises à autorisation et celles interdites»? La question reste posée. Car, «malgré la bonne tenue des réserves en devises et l’assouplissement de la contrainte financière représentée par la dette extérieure, la conjoncture actuelle est marquée par la fragilité des comptes extérieurs», notamment le déficit commercial, constate le CMC. Partant, «une sortie massive de capitaux risquerait d’accélérer l’érosion des réserves de change et d’induire des fluctuations de la parité du dirham», relève la lettre. Ce qui ne change rien dans la batterie de mesures prises pour assouplir la réglementation des changes. Preuve, «les opérations en capital ont gagné davantage en libéralisation avec ces mesures», font remarquer les experts. Par ailleurs, la libéralisation progressive de la convertibilité du dirham a permis de constater que «les opérations courantes de la balance des paiements sont totalement convertibles depuis 1993». Date d’adhésion du Maroc à l’article 8, sur la convertibilité, des statuts du FMI.

Toutefois, dans le processus inéluctable vers la libéralisation totale des changes, beaucoup d’opérations restent encore, au mieux, soumises à autorisation, au pire, interdites. C’est le cas par exemple, souligne le CMC, de l’ouverture de compte par des résidents auprès de banques étrangères et leur alimentation à partir du Maroc. Pour l’autorité régulatrice, l’Office des changes, «ces restrictions visent à éviter la sortie massive de capitaux, donc de l’épargne locale». Mieux, «elles permettent de préserver les réserves de change et l’équilibre de la balance des paiements», insiste-t-on du côté de l’Office.

Immobilier: La bulle va-t-elle se dégonfler?
La forte croissance du secteur immobilier inquiète les experts du CMC, du fait de la hausse soutenue des prix qui varient jour après jour. Pour eux, cette envolée ne peut s’expliquer uniquement par le déséquilibre entre l’offre et la demande. Bien au contraire, elle suscite des interrogations sur la nature des ressorts qui la sous-tendent. Autrement dit, se demandent les conjoncturistes, «de telles hausses devraient-elles être perçues comme des indicateurs de performances ou plutôt comme des signes annonciateurs de difficultés futures pour le secteur»? La question qui tue.

Une des sources de progression de la demande est sans conteste l’urbanisation galopante. La population urbaine est passée de 3,4 millions d’habitants en 1960 à 16,5 millions en 2004. Selon les démographes, la progression s’établit actuellement à 56,2%. Une tendance qui a contribué à la pression sur le marché du logement et l’a aggravé. La deuxième source à risque pour le secteur immobilier relevée par la dernière lettre du CMC, ce sont les intrants et le foncier, de plus en plus chers. A noter que le logement absorbe 75% des ventes du ciment au Maroc. Avec le béton prêt-à-l’emploi, il monte à 80% du marché. Conclusion: «Dans cette configuration, toute augmentation, même infime, affecte les prix des logements». Le foncier conditionne à l’évidence l’offre de logement, donc du prix. Là-dessus aussi, le constat est sans ambages: «Malgré la politique de mobilisation du foncier, les spéculations continuent d’alimenter la hausse des prix».

Bachir Thiam
Source: L'Economiste

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