«Les compagnies low cost sont pour le Maroc ce que les autoroutes ont été pour l’Espagne». C’est avec cette phrase que Jawad Ziat, PDG de la low cost Jet4you, a ouvert la conférence-débat organisée jeudi dernier à Casablanca, par l’Association des ingénieurs de l’Ecole nationale supérieure de l’informatique et d’analyse des systèmes. Avec comme thème «Évolution du transport aérien et perspectives de l’open sky».
En effet, avec l’open sky signé avec l’UE, l’aérien a connu un véritable décollage. Cette ouverture du ciel accompagnée de l’avènement des low cost, proposant des prix «choc», a permis de faire passer le nombre de passagers de 5 millions en 2001 à 10 millions en 2007.
Par ailleurs, plusieurs lignes ont connu une croissance exponentielle. Par exemple, la ligne Casablanca-Bruxelles, qui connaissait des taux de croissance de l’ordre de 2 à 3% l’an, a enregistré en 2007 un taux de croissance de 50% par rapport à 2006. Aussi, de nouvelles villes commencent à grignoter des parts du trafic.
La capitale économique qui en accaparait 70% en 2001, a vu sa part chuter à 50% actuellement, au profit de Marrakech, Agadir et Fès. Les nouvelles destinations phares du Royaume. Mais il faut tout de même souligner que le grand effort de promotion du pays (120 millions de DH déboursés par l’Etat) à l’étranger a beaucoup contribué à ce changement. La Vision 2010, le renforcement des infrastructures et le plan Azur ont également joué un grand rôle dans la dynamisation du secteur.
Cette tendance devrait sans doute se développer à l’avenir. Le nombre de touristes dans le monde ne cesse de grimper (en 2007 un record de 900 millions de touristes a été enregistré) et d’autres compagnies low cost verront sûrement le jour. Un projet est d’ores et déjà en cours.
La compagnie émiratie Air Arabia a conclu un accord avec Régional Air Lines pour créer une low cost. Ceci augmentera bien sûr la concurrence sur le marché, pour le grand bonheur des voyageurs, mais intensifiera aussi la pression sur la première compagnie nationale. Cette dernière n’a eu d’autre choix que d’adapter son offre à la concurrence. Sa marge bénéficiaire sur les billets a été largement compressée. «RAM dispose d’un grand potentiel pour affronter la concurrence. Son seul talon d’Achille, c’est le style de gestion publique dont elle a hérité», affirme Ziyat. «Le développement des low cost au Maroc devrait en principe accompagner le propre développement de RAM», ajoute-t-il. Toutefois la compagnie a trouvé son échappatoire.
En 2004, elle a créé sa propre low cost, Atlas Blue. Elle a aussi intensifié la fréquence de ses vols sur l’Afrique. D’un autre côté, elle continue de monopoliser les dessertes internes, sur lesquelles elle pratique des prix très élevés (avec des horaires jugés «impossibles» par certains passagers).
Par rapport à d’autres pays, le marché du transport aérien au Maroc a beaucoup gagné en maturité durant les dernières années. Il est passé de 20 compagnies à 50 en seulement quelques années. Cela dit, la flotte disponible reste modeste. Les compagnies nationales, réunies, ne possèdent que près de 50 appareils.