Cinq grandes banques, dont trois européennes et deux arabes, ont de sérieuses visées sur le marché marocain. Deux d'entre elles ont déjà décroché leur agrément, les autres finiront par l'avoir.
Les banques marocaines devront bientôt faire face à des concurrents internationaux de renom sur leur propre marché. Plusieurs géants financiers internationaux ne veulent plus se limiter à des prises de participation dans des institutions locales. Ils songent sérieusement à installer des représentations permanentes. Certains ont même passé le cap : après avoir décroché l'agrément de Bank Al-Maghrib, ils opèrent les derniers réglages avant l'ouverture officielle de leurs filiales marocaines.
C'est le cas de la banque valencienne Caja De Ahorros del Mediterraneo (CAM) qui a obtenu, le mois dernier, l'aval de Bank Al-Maghrib pour ouvrir ses offices à Casablanca. Ses ambitions sur le marché marocain dépassent de loin les 5% qu'elle détient dans le capital de BMCE Bank. «Le Maroc est un point d'appui important dans la région. C'est un marché important dans notre stratégie de développement à l'étranger», a indiqué à l'EFE Roberto Lopez Abad, directeur général de la banque espagnole. Il compte dans un premier temps sur les entreprises espagnoles implantécs au Maroc pour lancer son business à Casablanca . La stratégie développement de CAM sur le marché vise aussi le marché des Marocains résidents en Espagne . C'est un sérieux prétendant qui menace les positions des banques nationales sur ce créneau . « Nous souhaitons aussi contribuer au développement du taux de bancarisation sur le marché marocain», indique Lopez Abad. L'implantation de CAM à Casablanca n'annulera pas pour autant sa collaboration avec BMCE Bank. Les deux groupes viennent de signer un accord pour faciliter l'octroi de prêts immobiliers aux MRE d'Espagne. La banque espagnole mise aussi sur la filiale subsaharienne de sa partenaire marocaine, Bank of Africa, pour étendre ses activités dans les 11 pays de la sous-région. C'est un coup stratégique de maître que viennent de réaliser Othmane Benjelloun et ses équipes. En signant ce partenariat, ils évitent une course frontale avec un concurrent international de taille et gagnent par la même occasion un partenaire solide pour mener leur processus de développement au Maroc et à l'étranger.
Les deux partenaires n'ont pas trop attendu pour mettre leur partenariat en application. Ils sont déjà engagés sur un projet d'ouverture d'agences bancaires mobiles au Maroc. De même que la présentation en Espagne d'un livre édité en commun sur les opportunités du marché marocain pour les investisseurs ibériques est prévue avant fin mars prochain.
Outre CAM,un autre géant bancaire espagnol aura décroché l'accord verbal de Bank Al-Maghrib pour ouvrir une représentation à Casablanca. Il s'agit de La Caixa, première institution financière en Catalogne. Après la Hongrie, la Pologne et la Roumanie, la banque barcelonaise se dirige vers le Sud. A Casablanca, la présence de La Caixa sera limitée à un bureau de représentation, en attendant de prospecter le marché. C'est ce qu'a déclaré Juan Maria Nin, directeur général de la banque. Mais une institution pareille ne devrait pas tarder à passer à l'action. Ses immenses moyens lui permettront de se positionner rapidement dans le paysage bancaire marocain. Il suffit de dire que La Caixa a ouvert l'année dernière 294 agences et 500 guichets automatiques, uniquement en Espagne. C'est l'équivalent du total des ouvertures d'agences des banques marocaines regroupées. Côté indicateurs financiers, ils sont encore plus surprenants. Les actifs de la banque ressortent à 245 milliards d'euros et ses positions liquides dépassent 25 milliards.
Ces deux institutions ouvriront la voie à d'autres géants financiers ibériques qui se positionneront sur le marché marocain. Cela pourrait être le cas de Groupo Santander, une des plus importantes institutions bancaires en Europe. D'autant plus que ses ambitions d'augmentation de ses parts dans le capital d'Attijariwafa bank se sont heurtées à la réticence du groupe ONA, actionnaire de référence de la banque. Le groupe d'origine basque ne laissera pas deux de ses concurrents les plus féroces menacer ses intérêts sur le marché marocain
L'intérêt des banques européennes pour le Maroc ne se limite pas à l'Espagne. Le géant helvétique Crédit Suisse a classé le Maroc parmi les nouveaux pays émergents. C'est catégorisation est le premier pas pour l'implantation de la banque dans les nouveaux marchés. D'ailleurs, le Crédit Suisse ne cache pas ses ambitions d'implanter une filiale au Maroc, mais aucun timing n'est encore envisageable. Reste que la banque suisse n'est pas une menace pour les opérateurs de la banque de détail. Tout simplement parce qu'elle n'intervient pas sur ce segment. En revanche, elle aura rapidement une place à prendre sur les activités de marché, où elle est beaucoup plus expérimentée que les banques locales.