Pour préserver sa marge de manoeuvre, le ministre des Finances veut contenir la compensation à 3 points du PIB au lieu des 5,5% actuels.
Jamais le ministre des Finances et de la privatisation n'a été aussi ferme au sujet de la crise de la compensation qu'il ne l'a été vendredi dernier, lors de la présentation du bilan d'exécution de la loi de finances à fin mai. «Ce poste budgétaire représente 5,5% du PIB, soit un point de plus que la part des dépenses d'investissement. Il faut savoir ce qu 'on veut. Si l'on tient à préserver notre marge de manoeuvre pour l'investissement, nous devons fixer un plafond pour les subventions publiques. Elles ne doivent pas dépasser 3 points du PIB», annonce Mezouar. Ce qui veut dire que la population supportera d'une manière ou d'une autre les subventions supérieures à ce niveau. Reste à savoir si les députés seront convaincus de cette mesure lors des débats de la loi de finances. En attendant, le système continuera à fonctionner tant bien que mal. «Je ne pense pas qu'une nouvelle hausse des prix à la pompe devrait être opérée d'ici la fin de l'année», affirme le ministre.
Cette annonce fait suite à l'explosion des dépenses de compensation à fin mai dernier. Elles ressortent à 12,3 milliards de DH en cinq mois, soit 7,9 milliards de plus que ce qui était prévu au départ. Près de 80% du budget de la compensation à déjà été consommé. En revanche, les autres postes de dépenses progressent normalement. En dehors du poste compensation, la progression des dépenses se limite à 2,3%, soit 18,5 milliards de DH. Plus de la moitié des crédits ouverts ont été réalisés. Mais le gouvernement ne se limitera pas à ce qui est prévu. Il a dédié 14 milliards de DH au surplus de la compensation et 1,7 milliard supplémentaire pour couvrir les engagements du dialogue social. Mezouar a ainsi coupé court à l'opposition qui voulait adopter une loi de finances rectificative. «Ça ne sert à rien d'initier un processus pour une loi de finances rectificative qui ne servira que pour la compensation», précise le ministre.
Si les finances publiques arrivent à surmonter l'énorme poids de la compensation, c'est bien grâce aux recettes fiscales. Elles se chiffrent à 82 milliards de DH à fin mars, soit 17,1 milliards de plus que les prévisions. Pour la première fois dans l'histoire du Maroc, les recettes de l'IS dépassent celles de l'IR. Mais il n'y a pas que les composantes fiscales qui contribuent à cette embellie. Il est vrai que les prévisions de Mezouar pour la campagne agricole sont tombées à l'eau. La récolte céréalière a plus que doublé pour atteindre 50 millions de quintaux, mais elle demeure inférieure aux 60 millions de quintaux prévues au départ. Le bon comportement des autres secteurs a compensé ces décalages. Le tourisme reste la seule exception dans cette équation. Les arrivées touristiques ont baissé de 4,5% et les recettes de 1,3%.
Quoi qu'il en soit, les cinq premiers mois de l'année débouchent sur un taux de croissance de 7%. Le ministère des Finances table sur 6,8%, «où très près de 6,8%», de croissance à la fin de l'année. Cela suppose un maintien de la moyenne d'approvisionnement du pétrole à 130 dollars le baril et celle du gaz butane à 900 dollars la tonne. Pour éponger le déficit commercial qui ne fait que s'aggraver, le gouvernement table sur une progression de 25% des exportations contre 24% pour les importations.