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Transport aérien: RAM et ASI, à quand le divorce final ?

La Royal Air Maroc (RAM) a perdu hier lundi le procès qui l'opposait à l'État du Sénégal au tribunal régional de Dakar rapporte aujourd'hui le magazine économique sénégalais « Réussir ». Le transporteur national avait été assigné en justice par l’État du Sénégal, suite à sa décision de résilier le Pacte d’actionnaires que son représentant avait adressé au Président du conseil d’administration d'ASI, en fin février.

La RAM restera dans la gestion d'ASI en attendant le prochain audit de ce dernier, demandé par le gouvernement sénégalais. Telle est la conséquence de la décision de justice rendue par le tribunal régional de la capitale sénégalaise.

L'assignation a comparaître « vise à faire rester » la compagnie nationale marocaine au sein d’ASI, a précisé le ministère sénégalais des Infrastructures, des Transports terrestres et des Transports aériens dans une déclaration rapporté par l'agence de presse sénégalaise (APS). La RAM a réagit à avec « beaucoup de désappointement, d'incompréhension et de regret à l'attitude de la partie sénégalaise qui risque de ruiner la compagnie (ASI) » selon un communiqué daté du jeudi 2 avril. « Cette assignation, signifiée le 30 mars pour une comparution au 1er avril, et donc sans aucun délai laissé à un éventuel rapprochement des points de vue, symbolise en elle-même le refus de toute discussion», ajoute le communiqué de la RAM. Toujours selon le groupe dirigé par Driss Benhima, « les comptes d’Air Sénégal International ont été bloqués par l’Agence chargée de récupérer les taxes aéroportuaires, ce qui ne peut qu’entraîner à court terme l’arrêt des activités de la compagnie ». C'est dans cette optique et en attente de trouver un accord sur les modalités de cette séparation que les Marocains avaient proposé le 26 février dernier, l'établissement d'une feuille de route à leur partenaire. Elle devrait faciliter le transfert de la compagnie dans les meilleures conditions au plus tard le 30 juin 2009.

Comment en est-on arrivé à cette situation? L'ancien ministre des Transports, Farba Senghor avait annoncé en octobre 2007, le renflouement du capital de la compagnie à hauteur de 20 à 24 milliards de Francs CFA (entre 30 et 36 millions d'euros). Ce fonds devrait booster les parts du Sénégal de 49% à 75% et de ramener celles de la RAM de 51% à 25%. Le détenteur majoritaire du capital ne voyait pas d'inconvénient dans ce retour aux affaires. D'ailleurs « la RAM a injecté 10 millions d’euros dans la trésorerie de la compagnie et mis à sa disposition les ressources humaines nécessaires ». ASI a aussi obtenu l'exploitation à titre gratuit de deux Boeing 737-700 de la RAM selon « Le Quotidien » du Sénégal. A ce jour, l'engagement sénégalais de reprendre le capital et la gestion de la compagnie n'ont toujours pas été concrétisé. Ce qui rend difficile pour le gestionnaire de continuer sa mission, dans un manque total de visibilité. Les administrateurs de la RAM affirment dans un communiqué que les annonces de reprise par le Sénégal, « n’ont pas manqué d’affecter sérieusement le fonctionnement d’ASI, en réduisant la confiance de ses bailleurs de fonds, fournisseurs, banques, partenaires et clients ». Toutes les raisons suscitées ont poussé le transporteur marocain à demander l’établissement immédiat d’une feuille de route. En même temps, les Marocains ont prévenu que dans le cas où une telle feuille de route ne serait pas mise sur pied, ils seront contraints de tirer les conclusions de cette situation et de procéder à un retrait de la gestion d’ASI dès fin mars 2009.

Certains Sénégalais bien informés de ce dossier, cités par « Le Quotidien » assurent que les « rodomontades » des deux parties ne cachent qu’un intérêt financier. En effet, le déficit de la compagnie commune s’élève à près de 11 milliards de F CFA. De plus, ASI doit à son actionnaire majoritaire près de 20 milliards de CFA (30 millions d'euros) de charges diverses. Dans cette cacophonie, ce sont les travailleurs d'ASI qui sont inquiets. Une nationalisation fait craindre une faillite de la compagnie et donc la perte de nombreux emplois. D'un autre côté la recherche d'un autre partenaire en cas de retrait à l'amiable de la RAM n'est pas une mission aisée en cette période de crise financière.

Driss Benhima, PDG de la RAM a annoncé ce mardi dans un communiqué que sa société ferait appel de la décision rendue par la justice sénégalaise. Le tribunal a prévu la désignation d'un expert judiciaire pour un nouvel audit et l'interdiction pour RAM de se retirer de la gestion de se filiale ASI jusqu'à la fin de la mission de l'expert judiciaire, sous peine d'une astreinte financière excessivement lourde.

Ibrahima Koné
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