La RAM se met en ordre de bataille

C’était le sujet numéro un des conversations dans les couloirs du siège de la compagnie, loin devant l’arrivée sur le marché marocain du redoutable Ryannair, le roi du transport aérien low-cost en Europe. Les rumeurs sur les changements dans l’organigramme ont fini par éclipser cette information qui risque pourtan,t à moyen terme, de changer la donne sur le marché du transport aérien au Maroc.

Rien que sur sa base opérationnelle d’Orly, Ryannair dispose en effet d’une flotte de 40 avions (plus importante que celle de la RAM). Par son agressivité commerciale et dès qu’elle aura choisi de se poser à Casablanca (ce qui ne saurait tarder s’il n’y a pas d’obstacle), plus rien ne sera comme avant. Ce sera la première vraie rupture attendue dans la compétition sur le marché, un vrai big-bang qui se traduira d’abord par une bagarre sur les tarifs.

L’anticipation des effets de cette rupture et des mutations de l’accord d’ouverture avec l’Europe justifiait la mise en place d’une nouvelle organisation, explique la direction de la compagnie. A noter quelques changements majeurs: le rattachement de la direction des Ressources Humaines à la présidence et la création de directions de Stratégie de Groupe à la tête de laquelle est nommée Mouna Yacoubi (ex-directrice de publication de la Vie éco) et de l’Audit et Organisation confiée à Habiba Laklalech, en provenance de Méditelecom.

Contrairement aux rumeurs, il n’y a pas de gros chamboulement ni de véritable jeu de chaises musicales. La DRH ne change pas de patron. Rachid Abouelfadel qui a eu à gérer une des graves crises à la compagnie (celle des techniciens grévistes) est reconduit dans ses fonctions.

Dans la nouvelle organisation, quatre DGA gérant chacun un grand pôle «métier» épauleront le PDG Driss Benhima dans le cockpit: Au Développement, c’est Hassan Hihi qui était précédemment DGA Commercial et Marketing. Dans son cahier des charges, la DGA Développement a pour mission de définir la stratégie de développement du groupe.

· Pas de révolution
Abderrafie Zouiten ex-directeur général France que les rumeurs donnaient pour l’unique numéro deux de la compagnie, prend la tête de la DGA Commerciale. Cette DGA garde les fonctions Vente et monte en puissance. C’est cette direction qui aura en charge la commercialisation sur l’ensemble des marchés. Elle apparaît de ce fait comme la structure stratégique dans la nouvelle organisation. Outre le marché «Maroc», la DGA Commerciale aura sous son autorité tout le réseau des délégations et représentations de la compagnie à l’étranger. C’est un changement majeur dans l’organisation de la RAM car historiquement, la France, même en étant géographiquement dans le réseau Europe, avait un statut particulier et rendait compte à la présidence. Ce traitement était dû au poids stratégique de ce marché dans l’activité de la RAM.

Comme dans le précédent organigramme, la fonction Exploitation reste logée dans une DGA en charge de «l’outil de production et des performances opérationnelles». Elle sera dirigée par le commandant Abderahmane Sadouk, reconduit à son poste. Parmi ses attributions, le suivi opérationnel de la flotte, la maintenance, la gestion du personnel navigant, etc.

Quatrième et dernier grand pôle dans la nouvelle structure: «Finances et Supports». Comme les trois autres, ce pôle est placé dans une DGA que pilotera Ahmed Ammor que la rumeur casablancaise donnait pourtant comme possible perdant en cas de changement d’organigramme à la RAM. Il n’en est rien. A la révolution que l’on prédisait, Driss Benhima a finalement choisi la prudence.

Abashi Shamamba
Source: L'Economiste