Hicham Chami, jeune marocain à Chicago et virtuose de Qanun, vient de sortir un album pour hisser haut l'étendard de la musique arabe et marocaine.Beaucoup pourrait s'attendre de la part de ce jeune artiste des rythmes de la musique techno avec une touche orientale, mais il n'en est rien. Hicham se place au cœur de la musique classique arabe et les rythmes qu'il propose vous bercent et vous font voyager dans les mystères du monde arabo-musulman au temps des califes et des "Contes des milles et une nuits".
Un véritable défi que de vouloir faire connaître ce style de musique aux Etats-Unis en ces temps avec tous les évènements politiques et militaires depuis 2001. Mais Hicham est un homme de défis, persuadé que la musique permet de dépasser les clivages.
Il nous a accordé une interview afin de mieux cerner toutes les facettes de son art, mais aussi toutes les facettes de sa personne à la fois artiste et chef d'entreprise.
Comment avez-vous réussi l'équilibre "passion de la musique-études supérieures" ?
H.C.: - 2 ingrédients: Volonté et Organisation. Ce n’est pas toujours facile. C’est encore moins facile quand on est expatrié et qu’il faut tout faire soi-même.
Dans une métropole aussi grande que Chicago, la pression peut être monstre par moments. Entre les trajets interminables en voiture, les obligations professionnelles, les 1001 choses de la vie quotidienne… il faut gérer son temps avec grande minutie pour pouvoir tirer le maximum de sa journée en allouant une plage horaire pour chaque chose: entraînement solo, répétitions, recherche et travaux universitaires … Tout cela bien sur, en essayant de mener une vie saine et équilibrée pour ne pas être victime du pire ennemi des polyvalents: le stress.
L'artiste que vous êtes peut-il jouer un rôle de « dédiabolisation » de l'orient?
H.C.: - Oui, dans la mesure ou l’art et la musique sont des instruments puissants de communication et de connaissance mutuelles.
A chacun de mes concerts, j’ai pleinement conscience que je ne suis pas seulement un artiste avec son instrument, mais également -et à mon niveau - un représentant du monde arabo-musulman. Il ne fait aucun doute pour moi que présenter notre riche héritage musical, notre identité culturelle à un public Americano-américain… peut fortement contribuer à changer le regard porté sur nous.
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai un comportement proactif quand je joue: je communique avec mon auditoire en parlant de la musique que je joue, en la présentant d’abord verbalement puis musicalement. Et a chaque fois, je réalise avec plaisir que la musique est un moyen fabuleux de connaissance et de respect mutuels.
Le meilleur exemple en est l’ensemble musical que je viens de créer, "Mosaic", qui interprète de la musique orientale classique et qui regroupe des nationalités et des confessions différentes parmi lesquelles nous sommes, Walid (mon joueur de Contrebasse syrien) et moi les seuls arabes musulmans.