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Sahara: Les faux espoirs de Manhasset III

Le 3e round des négociations entre le Maroc et le Polisario n’apportera rien de nouveau». C’est la première lecture que fait une source proche du dossier et ancien dirigeant du Polisario.

Après Manhasset I et II, les discussions ont repris lundi dernier entre les deux parties sur un double fond. D’abord celui de la proposition marocaine d’autonomie au Sahara qui a recueilli les faveurs de la communauté internationale, du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies. Les deux dernières résolutions du Conseil de sécurité (1754 et 1783) reconnaissent, en effet, le «caractère sérieux et consistant» de l’initiative marocaine pour l’autonomie au Sahara. C’est d’ailleurs sur cette base que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a demandé aux deux parties d’entrer dans le vif du sujet. En d’autres termes, ne plus se confiner dans les seuls détails techniques comme lors des deux premiers rounds.

Mieux encore, deux thèmes ont été inscrits à l’ordre du jour des négociations. Il s’agit, selon une source proche du dossier, des questions liées à l’administration locale et à l’exploitation des ressources naturelles. Les deux thèmes, faut-il le rappeler, sont liés directement à la proposition marocaine d’autonomie. C’est pourquoi la délégation marocaine est partie à Manhasset animée «de la volonté de dépasser les obstacles et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour parvenir à un accord et conférer une signification sérieuse à ces négociations qu’elle ne considère pas comme une fin en soi», a souligné Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur.

Le second fond des négociations reste malheureusement constitué par la position inchangée du Polisario. Ce dernier, faisant preuve, encore une fois, de «sa mauvaise foi», selon des observateurs, a menacé la veille du début des négociations de reprendre les armes. «On ne peut prétendre adhérer de bonne foi à un processus de négociation, et paradoxalement le combattre de l’extérieur et l’entourer de menaces réitérées de reprise des armes, d’encouragements directs à la violence», a déclaré, à New York, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri. C’est une «violation de l’esprit et de la lettre des accords et arrangements conclus notamment pour la cessation des hostilités», a-t-il ajouté.

Surenchère politique ou manoeuvre dilatoire du Polisario pour faire oublier l’échec de son dernier congrès? «En se confinant dans le même discours depuis trois décennies, le Polisario fait la sourde oreille aux appels de la communauté internationale pour un règlement définitif de cette question», affirme un des ses anciens membres et fondateurs. Une position, on s’en doute, qui a toujours été dictée par le voisin algérien, mais qui ne fait plus «l’unanimité» au sein même du Polisario. On en veut pour preuve, le congrès de Gjijimat qui est favorable au projet d’autonomie proposé par le Maroc.

En tout état de cause, les deux parties ont encore aujourd’hui pour avancer sur la voie d’une solution. Toutefois, le scepticisme reste de rigueur même si la reprise de ces négociations est considérée comme une avancée en soi par les observateurs. Le secrétaire général des Nations unies n’a-t-il pas estimé, lundi, quelques heures à peine avant l’ouverture des négociations de Manhasset III, que «le règlement de la question du Sahara requiert patience, persévérance et bonne foi»?

En attendant, les observateurs ont relevé une nette divergence entre la dynamique suscitée par le Maroc et «tournée vers l’avenir dans le sens de l’apaisement régional» et le «statu quo prôné par l’Algérie et le Polisario». Deux positions qui demeurent diamétralement opposées et que les Nations Unies essaient tant bien que mal de rapprocher. Sans succès, il faut le dire. «Tributaire de l’Algérie, le Polisario ne peut faire aucun pas sans en avoir préalablement reçu l’ordre des dirigeants algériens», affirme une source proche de la délégation marocaine. Or, l’Algérie, comme l’a affirmé Taieb Fassi Fihri, «après avoir prétendu, pendant de longues années, que la question du Sahara n’avait rien à voir avec ses relations bilatérales avec le Maroc, déclare aujourd’hui l’inverse en conditionnant fortement l’ouverture des frontières et la normalisation avec le Royaume du préalable d’un règlement, au niveau international, du différend régional sur le Sahara marocain».

Le 3e round de négociations entre les deux parties n’apportera peut-être pas de nouveauté. A moins que le Conseil de sécurité n’intervienne directement pour demander au Polisario de faire montre de souplesse. Une nouvelle phase de négociations pourrait être envisageable.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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