La campagne électorale comptant pour les élections générales en Espagne passe par ... le Maroc. Après le débat houleux sur le statut de Sebta et Mélilia, c'est autour des immigrés, les Marocains en premier, d'être aux centres des débats.
La dernière trouvaille en date est signée Mariano Rajoy. Le leader du Partido popular (PP) et candidat au poste de chef de gouvernement vient de lancer un véritable pavé dans la marre en mettant au cœur de sa campagne un «contrat pour l'intégration des immigrés» qui les obligerait à respecter les lois et coutumes locales. Dans le désordre : l'apprentissage de la langue deviendra obligatoire, toute «mutilation sexuelle» est un crime, au même titre que la polygamie et les mariages arrangés. Tous les étrangers qui commettent des délits ou crimes seront automatiquement expulsés.
Le parti populaire va jusqu'à proposer un système de points pour l'évaluation des candidats à l'immigration en favorisant l'arrivée des citoyens de pays avec un bagage historique qui correspond à celui de l'Espagne. Marocains, s'abstenir. La réaction des représentants de la communauté marocaine établie en Espagne ne s'est pas faite attendre. Si le caractère obligatoire de l'apprentissage de la langue est apprécié, «la question est de savoir ce qu'entend Rajoy par coutumes espagnoles. S'agirait-il de suivre la Liga, d'assister aux spectacles flamenco, de faire la sieste ou alors de célébrer la Semana Santa», ironise Kamal Rahmouni, président de l'Association des travailleurs marocains en Espagne (Atime). Pour lui, un tel discours est pour le moins dangereux puisqu'il associe l'immigration à la pauvreté et à l'augmentation de la criminalité et du chômage. Il distingue d'office les Espagnols de souche et les autres, relégués au statut de deuxième et même troisième zone. «Nous y voyons également une grande injustice dans la mesure où il impose plus de devoirs et moins de droits aux immigrés, comparés aux nationaux», commente-t-iL Et d'ajouter : «l'intégration, elle, ne peut être du seul ressort des immigrés, mais de la société dans son ensemble. Et il ne suffit pas d'un contrat pour tout régler». Voilà qui est bien dit.
Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos