Dénonçant le refus du juge d'instruction de lui communiquer les PV et documents relatifs à l'affaire, le comité de défense des six dirigeants politiques du «réseau Belliraj» bloque le procés.
Lundi matin, au siège du club des avocats au quartier de l'Océan à Rabat. Le comité de défense des six dirigeants politiques arrêtés dans le cadre de l'affaire Belliraj tient une conférence de presse. L'ambiance est tendue, et les questions nombreuses quant aux motifs des avocats de Moâtassim et de ses collègues. En quête de réponses dans un dossier qui est loin d'avoir livré tous ses secrets, plusieurs journalistes (Marocains comme étrangers) et militants des droits de l'homme ont fait le déplacement. Une fois n'est pas coutume dans ce genre d'événement, la conférence est entamée à l'heure prévue (11 heures). Et d'emblée, maître Abderrahmane Benamro en explique la raison. Celle-ci n'est autre que le maintien de l'omerta concernant les éléments du dossier, toujours inaccessibles au comité de défense et aux concernés. Cette fois, c'est le juge d'instruction (un certain Bouchentouf) qui a apposé un nouveau niet, tout aussi catégorique, aux avocats pour accéder au dossier de l'enquête. En réaction, ces derniers ont annoncé que plus aucune déclaration ne sera faite par les six dirigeants aux enquêteurs, encore moins une quelconque démarche quelle qu'elle soit du comité de défense. Cette décision constitue un blocage de fait à la suite logique du procès, qui en est à la phase de l'enquête approfondie. «Nous avons longtemps hésité avant de prendre cette décision, vu que nous espérions pouvoir consulter les différents PV et documents relatifs à l'affaire une fois celle-ci entre les mains de la Justice. Nous avions tort», a déclaré à ce propos maître Khalid Soufiani. «Le même juge d'instruction nous a toujours fourni les documents dont nous avions besoin et ce, depuis au moins 15 ans. Cette fois, il nous dit qu'il ne fait qu'appliquer la loi. Cela voudrait-il dire que pendant toutes ces années, il était en infraction ?», s'est faussement interrogé Soufiani.
Neutralité
«Ce qui est d'autant plus scandaleux, c'est qu'on nous prive de nos droits les plus élémentaires, alors que certains membres du gouvernement, pourtant tenus de neutralité, sont non seulement au courant, mais se permettent d'en informer les médias. Dans l'un comme dans l'autre cas, il s'agit d'infractions au secret devant couvrir les affaires de ce genre», a affirmé, de son côté, maître Abderrahim Jamaï. La défense n'a d'ailleurs pas raté l'occasion pour réitérer ses critiques à l'adresse du ministre de l'Intérieur et de celui de la Communication. Leurs différentes sorties médiatiques sont assimilées à des tentatives d'influencer la Justice. «En affirmant à la presse que ce qui importait, c'était la sécurité du pays, quitte à faire fi des considérations de forme, M. Chakib Benmoussa porte atteinte à toutes les règles de droit qui sont la base même de l'Etat». Le même reproche a été adressé au Premier ministre Abbas El Fassi, mais à propos de la dissolution du parti d'Albadil Al-hadari, jugée illégale. «L'article 57 de la loi sur les partis est très clair. Le Premier ministre ne peut dissoudre un parti que quand celui-ci incite ou organise des manifestations armées», peut-on lire dans un communiqué publié à cette occasion. Une chose reste sûre, si l'affaire promet encore plus de rebondissements, le,procès, lui, a d'ores et déjà commencé. Le ton du plaidoyer adopté par la défense en est la preuve.