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Les recommandations de l'IER appliquées en 2008?

Herzenni insiste sur la faisabilité d'une telle ambition. Les organisations des droits de I'homme relativisent. Nouvelle polémique à l'horizon ?

Ahmed Herzenni persiste et signe. Le chantier de l'application des recommandations de l'Instance équité et réconciliation sera bel et bien achevé en 2008. L'annonce est de taille. Elle a été faite à l'issue de la conférence sur la gouvernance sécuritaire, organisée la semaine dernière par le Centre d'études en droits de l'homme et démocratie. Et c'est au «Soir échos» que le président du Conseil consultatif des droits de l'homme (CCDH) confirme son «ambition». La question est de savoir comment, sachant que de nombreux volets inscrits dans ces recommandations nécessitent forcément plus que les huit mois qui nous séparent de la fin de l'année. Réponse de l'intéressé : «Les quatre grands groupes d'action qui constituent ces recommandations sont tous entamés, certains sont même achevés». Dans les détails, et toujours selon Herzenni, il s'agit d'abord des indemnisations individuelles et de l'accès à la couverture médicale, engagement désormais honoré. En deuxième lieu, figure le vaste chantier des réparations collectives. «Nous avons à cet égard créé des coordinations locales dans 10 provinces, sur un total de 11 qui ont été identifiés par l'IER». Troisième axe, la révélation de la vérité. Herzenni parle de 1.200 noms dont le sort a été révélé. «Et les cas problématiques ont été réduits au nombre de 22». Reste en dernier lieu les réformes institutionnelles et législatives. «Le chantier est ouvert, et des conférences comme celle portant sur la gouvernance sécuritaire en font partie», dit le président du CCDH.

Des affirmations qui ne sont pas pour plaire aux associations des droits de l'homme Pour Abdesslam Boutaïb, membre du bureau exécutif du Forum vérité et justice, la déclaration de Herzenni tranche tant avec les revendications du mouvement des droits de l'homme qu'avec la réalité de l'état d'avancement de la mise en application desdites recommandations. A commencer par le volet révélation de la vérité. Il cite l'exemple des événements survenus dans le Rif . « Si quelques informations ont été établies sur les événements de 1984, rien ou presque n'a été dit sur les événements de 1959». Autre exemple, le dossier Mehdi Ben Barka, dans le traitement duquel le Conseil et les autorités continuent à faire du sur-place.

Parlant du dossier des indemnisations individuelles, Boutaïb fait état de l'existence de centaines de demandes restées sans réponse, pour motif de dépôt après la fin des délais fixés par l'IER. «Mais c'est surtout dans le volet relatif aux réparations collectives que le conseil ne dispose pas de visibilité. A la place, nous assistons à une véritable confusion entre les principes de cette réparation et des initiatives comme l'INDH ou encore le développement durable», explique le militant. Et de repro­cher au conseil sa «précipitation» dans la création des coordinations locales, avant qu'une réflexion sérieuse n' ait été menée sur ce chapitre. Restent aussi les réformes politiques et constitutionnelles, dont certaines prendront des années. C'est le cas notamment de la gouvernance sécuritaire. «Ce genre de transformations nécessite des années de travail et suppose un changement de mentalités qui ne s'opère pas du jour au lendemain. Avant tout, il exige une ferme volonté politique et des décisions claires et courageuses. Maintenant, dire que toutes ces questions auront une réponse dans l'espace de huit mois est peu réaliste. Et M. Herzenni n'avait vraiment pas à prendre un tel engagement», conclut Boutaïb.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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