A moins d'un mois du Sommet de Paris, c'est à Fès qu'il sera question d'une grand-messe de l'Union pour la Méditerranée. Rabat prend les devants.
Le Maroc ne veut pas rester à l'écart de l'Union pour la Méditerranée, projet défendu bec et ongles par le président français et dont le début de concrétisation sera le mois de juillet prochain à Paris, lors du sommet qui réunira les chefs d'Etat des deux rives.
C'est ainsi que se tiendra à Fès, du 3 au 5 juin prochain, un congrès international autour de l'Union pour la Méditerranée organisé à l'initiative de plusieurs partenaires marocains et étrangers dont la mairie de la capitale spirituelle, la Fondation Esprit de Fès, le Forum de Paris et le ministère des Affaires étrangères, entre autres. Cerise sur le gâteau, ce congrès international est placé sous le haut patronage de Mohammed VI et le thème choisi renseigne à lui seul sur l'importance d'un tel conclave : «Quelles conditions pour quelles perspectives ?». De même que la très longue liste de personnalités invitées à s'exprimer lors de ce qui ressemble à un think-tank sur l'initiative de Nicolas Sarkozy.
Parmi les dizaines d'invités, on retrouve une palette de responsables gouvernementaux marocains et français, ainsi que des personnalités du monde de la politique, des médias, de l'associatif et des milieux d'affaires... Pour ne citer que quelques noms, aussi bien Alain Juppé, Amr Moussa, Roland Dumas que Alain Le Roy seront de la partie. Du côté marocain, Taïeb Fassi Fihri, Latifa Akherbach, Salah Eddine Mezouar, Mustapha Bakkoury, Driss Benhima et Hassan Abouyoub sont appelés à intervenir autour de plusieurs thématiques intéressant les deux rives. Pourquoi Fès pour abriter une telle rencontre, soit la deuxième plus importante après celle de mars dans la capitale française ? «Il sera question, entre autres, de préparer le Sommet de Paris, et Fès a l'habitude d'organiser de telles grandes rencontres», répond Hamid Chabat, maire istiqlali de la capitale Spirituelle. «Il ne faut pas oublier que des décisions de première importance ont été prises à Fès et là, il sera question de réfléchir à l'avenir des deux rives de la Méditerranée», ajoute Hamid Chabat qui promet des «surprises de gros calibre» lors de ce congrès. «Nos enfants ont trop
perdu avec l'ouverture de l'Union européenne sur les pays de l'Est et il ne faut pas rater les opportunités que pourraient apporter une telle Union», conclut le maire de Fès qui indique que cette ville demandera officiellement à abriter une université méditerranéenne ouverte aux étudiants des deux rives. «La position du Maroc est claire et elle a été exprimée par le Souverain lors de la visite au Maroc de Sarkozy. Pour nous, il s'agit d'une union de projets pour le bien et la stabilité de tous les pays», indiquait, il y a quelques semaines, un haut diplomate marocain.
Ayant défendu ce dessein depuis qu'il était encore candidat à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a dû revoir tout son discours pour rassurer ses partenaires européens, notamment les Allemands et les Britanniques qui jugeaient, grosso modo, qu'une telle union remettrait en cause les intérêts des pays de l'Union européenne. Du côté arabe, les seuls pays à avoir fait montre de résistances sont la Libye et la Syrie qui avaient émis des réserves quant à une Union de la Méditerranée qui ouvrirait la porte à une normalisation entre les pays arabes de la région et Israël. Cette fois, la course contre la montre est engagée pour de bon. Le congrès de Fès donnera le ton avant le rendez-vous décisif de Paris.