Abdelouahed Radi court-circuite tout le monde et annonce sa démission de la Justice pour prendre les rênes de l'USFP Deal avec le Palais ou stratégie calculée, la direction socialiste reste divisée.
Gros pavé dans la mare des socialistes et du gouvernement. Lundi, Abdelouahed Radi, ministre de la Justice et ex-numéro deux de l'USFP, a annoncé sa volonté de demander au roi de le décharger, au moment opportun, de ses fonctions ministérielles. En substance, ce sera troquer le portefeuille du ministère contre le poste de premier secrétaire de l'USFP. Que décidera le roi au moment opportun ? «Tout semble avoir fait l'objet d'un deal avec Abdelouahed Radi et Mohamed El Yazghi», commente une source informée au parti de la rose, qui affirme que «tout avait été préparé depuis quelques temps». La contrepartie? La phase que traverse le pays «veut que l'USFP reste au gouvernement et une direction qui verrait le contraire est indésirable», explique notre source. L'annonce de la volonté de Abdelouahed Radi est accompagné d'une autre : sa candidature au poste de premier secrétaire. Cela rappelle un précédent qui date d'il y a juste quelques mois : un ministre qui demande à être déchargé de ses fonctions pour «travailler autrement» au niveau de sa région. Le parallèle est imparable. Qu'en pense la direction de l'USFP qui n'a pas été tenue au courant de ce que tramait Abdelouahed Radi ? Cette dernière, affirme une source au Bureau politique, a appris la nouvelle, comme tout le monde, par le biais d'une dépêche de la MAP, diffusée lundi à 23 heures passées. Une réunion, programmée mardi dans l'après-midi, devait traiter de ce nouveau rebondissement.
Fathallah Oualalou, autre candidat au poste, se refuse à tout commentaire et affirmait, hier vers midi, qu'il n'avait pas encore pris connaissance de la chose avant de rétorquer qu'il «n'interfèrerai(t) pas dans les décisions des autres». De son côté, Habib Malki, autre responsable de l'USFP ayant annoncé sa candidature quelques heures avant l'annonce de Abdelouahed Radi, est plus explicite. «Cette position n'est pas claire et tous les candidats doivent être sur le même pied. Il faut que la compétition soit saine et porteuse d'espoir», affirme M. Malki. «Les congressistes doivent choisir de manière conséquente», conclut-il. Abdelouahed Radi, premier concerné, est resté injoignable. Mais qui le remplacera au ministère de la Justice ? Une source informée affirme que le «deal» consisterait à ce que ce ministère reste toujours dans l'escarcelle de l'USFP Mieux encore, ce portefeuille pourrait revenir à Mohamed El Yazghi, premier secrétaire démissionnaire et actuel ministre d'Etat. De retour de son voyage privé, Mohammed VI pourrait alors procéder à un remaniement gouvernemental partiel, vu qu'un remaniement en profondeur semble écarté. L'une des raisons les plus invoquées est le fait que, outre l'USFP qui tient le sien, le Parti de l'Istiqlal est en pleine préparation de son congrès national, prévu pour fin octobre prochain. D'autre part, le PJD a fixé son congrès national à la mi juillet prochain et les vacances d'été pointent leur nez.
Homme de consensus, Abdelouahed Radi «manœuvre» depuis longtemps pour prendre la responsabilité de l'USFP. Après la démission de Abderrahman Youssoufi, à l'automne 2002, pour protester contre le non respect de la méthodologie démocratique (après la nomination de Driss Jettou), il avait tout fait pour que Mohamed El Yazghi n'ait pas les coudées franches à la direction. Après le séisme de décembre dernier, l'actuel ministre de la Justice avait initié une série de sorties médiatiques pour signifier que rien ne se ferait sans lui. L'ex-président du Parlement, le plus vieux député de l'hémicycle et «ami de tout le monde» voit aujourd'hui le terrain balisé pour de nouvelles missions. Sera-t-il pour autant acclamé, comme un Mahjoubi Aherdane, vendredi prochain, à l'ouverture du congrès national ? Rien n'est moins sûr.