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Sebta et Melilia renoncent aux zones franches

Lasses d'attendre un éventuel geste du Maroc, les autorités de Sebta décident de s'en remettre aux instances de l'UE. Elles envisagent, en effet, avec leurs homologues de Melilia, de renoncer à leur «statut spécial», vieux de 145 ans, pour demander officiellement à adhérer à l'Union douanière européenne.

La demande sera transmise officiellement aux instances concernées courant 2009, rapporte le quotidien El Pais. Et «si les 27 en décident ainsi, les deux villes auront un nouveau statut avant la fin de l'année», précise-t-on auprès du gouvernement autonome de Sebta. Le nouveau statut renforcera, fait-on noter, la position des deux présides au sein de l'UE et ne manquera pas de créer un climat de tension avec le Maroc. Rabat sera en effet contrainte d'établir une frontière cornmerciale avec Sebta et de faire du passage de Bab Sebta un point de transit légal de marchandises et produits de tout type entre les deux côtés de la frontière. Une revendication que ne cessent de réitérer les autorités du préside et à laquelle le Maroc continue d'oppo­ser une sourde oreille. Ce qui n'est pas le cas de Melilia, le poste de Béni Nsar a déjà acquis ce statut sur la base d'une convention signée en 1956. Si l'UE finit par accéder à leur requête, les deux villes perdront certes leur statut de «zones franches» dont elles jouissent depuis l'adhésion de l'Espagne à l'union douanière européenne en 1986, mais vont gagner certainement au change. Les perspectives de viabilité de l'économie des deux présides ne sont guère réjouissantes puisque l'activité de la contrebande, leur principale ressource, est appelée à chuter d'ici
2012, date du démantèlement complet des barrières douanières entre le Maroc et l'UE. En outre, «l'adhésion de Sebta et Melilia à l'union douanière pourrait conduire à la disparition du commerce atypique», précise-t-on dans la demande qui devrait être transmise prochainement aux instances de l'Union.

L'établissement d'une frontière commerciale entre Sebta et le Maroc est une initiative purement économique et ne revêt pas de caractère politique, soutient le journaliste d'El Pais spécialiste de la région du Maghreb, Ignacio Cembrero, dans une lettre ouverte adressée, en juillet, au roi du Maroc. Le Maroc pourra en effet continuer à réclamer la souveraineté des deux présides. Les postes frontaliers entre les deux présides et le Maroc enregistrent un trafic annuel de plus de 34 millions de passagers. Le trafic de la contrebande, qui génère un chiffre d'affaires estimé en milliards d'euros, assure, d'après la chambre de commerce américaine de Casablanca, 45.000 emplois directs et 400.000 indirects.

Tahar Abou El Farah
Source: Le Soir Echos

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