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Polémique médiatique entre TelQuel, Al Massae et le ministre de la Communication

La censure qui a été ordonnée par l’Etat à l'encontre des titres de presse écrite TelQuel, Nichane (pendant arabophone de TelQuel) et du Monde avec la destruction de 100 000 exemplaires, au début du mois d’août 2009, pour avoir diffusé un sondage d’opinion sur la monarchie et les politiques publiques initiées par le Souverain lors des 10 dernières années, a pris des allures de règlements de compte où une pléiade d’acteurs ont décidé d’en découdre.

Dans les rôles principaux, Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, Rachid Nini, directeur de publication du groupe Al Massae et Ahmed Reda Benchemsi, directeur de publication du groupe TelQuel.

Ainsi, Rachid Nini a pris (à nouveau) en grippe son homologue de TelQuel en le taxant de tous les noms d’oiseaux pour avoir eu l’idée et avoir pris l’initiative de sonder des Marocains. Ahmed Benchemsi aurait décidé de poursuivre en justice Rachid Nini pour diffamation.

En clair, Nini se demande «qui» est Benchemsi pour lancer une enquête d’opinion ? Celui-ci a été suivi (et quelque peu soutenu) dans son propos par Khalid Naciri qui – au travers d’une tribune particulièrement violente dans l’édition du 6 août 2009 du quotidien Le Matin du Sahara – a littéralement «pété les plombs» en procédant à une descente en flèche de TelQuel, mais également de la presse écrite en général, des partis politiques et de la société civile.

Drôle de scénario ! Voilà qu’un membre du gouvernement se retrouve dans le même camp que Rachid Nini, hier identifié comme l’ennemi juré de l’exécutif et de l’Etat. Pis. Il faut savoir que Khalid Naciri avait pris la décision de ne plus donner d’interview au groupe Al Massae. Aujourd’hui, c’est le quotidien arabophone Al Ahdat Al Maghribya qui est mis en quarantaine par le porte parole du gouvernement pour avoir…soutenu TelQuel et a osé «condamner» l’attitude de Khalid Naciri dans ses colonnes. Une coalition de circonstance qui en dit long sur l’environnement politico médiatique qui sévit au Royaume.

Du coup, la censure qui a frappé des médias de presse écrite s’est rapidement transformée en véritable pugilat sur fond d’intolérance et de haine. Bel exemple de démocratie pour des démocrates en…herbe !

Galvauder la liberté d’expression, s’asseoir sur les principes, piétiner les valeurs,…est-ce un comportement digne ? Cultiver la différence, cohabiter harmonieusement avec la pluralité, se nourrir de la diversité, semble être le parent pauvre de certains acteurs politiques et de certains leaders d’opinion.

Une opinion publique déjà largement démotivée et insensible à ce qui touche de près ou de loin à la chose publique et aux règlements de compte. Les masses ont d’autres priorités et surtout d’autres préoccupations.

Puisse la période de jeûne être propice au recueillement et aux retrouvailles avec la sagesse et la quiétude.

Rachid Hallaouy
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