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La campagne de Sarkozy passe par le Maroc

Pendant la trêve pascale, la campagne référendaire continue pour Nicolas Sarkozy. Mais c'est au Maroc qu'il l'a menée ce week-end, en compagnie de Jean-Claude Gaudin, au cours d'une visite dont l'objectif affiché était de «donner un contenu au concept de partenariat privilégié». Une mission qu'il a qualifiée d'«urgente» face à la montée du non dans les sondages. Et pour cause : la plupart des enquêtes confirment que l'opposition à l'intégration de la Turquie reste le meilleur argument des adversaires de la Constitution européenne.

Le problème n'a pas échappé aux professeurs et aux élèves de l'école d'ingénieurs Mohammadia, la plus prestigieuse des universités marocaines. A l'occasion de la visite du président de l'UMP à Rabat, ils lui ont facilité la tâche en l'accueillant hier matin par une question directement liée au débat franco-français : «Est-ce que vous trouvez que les Marocains ont des têtes de Turcs ?» «J'ai déjà dit que si la Turquie était européenne, ça se saurait, a répondu Nicolas Sarkozy. Je pourrais ajouter que si les Turcs sont européens, on se demande bien pourquoi les Marocains ne le seraient pas !» Question qu'il s'est empressé de préciser : «L'Europe se définit d'abord par des critères géographiques. A l'école, j'ai appris qu'Ankara, c'était en Asie mineure. Ce n'est tout de même pas une insulte de le rappeler ! Mais au moment où Jean-Claude Gaudin et moi, nous essayons de toutes nos forces de faire gagner le oui au référendum, il faut donner un contenu à la notion de partenariat privilégié, qui est inscrit à l'article 57 de la Constitution européenne.»

Ce contenu, Nicolas Sarkozy l'a défini d'une formule : il s'agit pour l'Union de créer avec ses futurs partenaires privilégiés «une zone euro-méditerranéenne de sécurité et de prospérité». Vendredi dernier, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson était venu à Casablanca plaider pour la création d'une «zone de libre-échange compétitive». «Plus qu'une zone de libre-échange, c'est d'un véritable marché commun entre l'Europe et la Méditerranée dont nous avons besoin», a rectifié l'ancien ministre français de l'Economie, en déclinant ses propositions : «Une structure de représentation commune à l'OMC, pour mieux peser face aux Etats-Unis et à leurs partenaires de l'Alena dans les négociations commerciales, des tarifs extérieurs et des normes techniques et sanitaires communes.»

Dans le domaine de la sécurité, Nicolas Sarkozy a souligné que «face aux menaces terroristes et aux trafics internationaux, les réponses de l'Europe et de ses partenaires méditerranéens ne peuvent être que collectives et coordonnées», en saluant au passage «les efforts exemplaires du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme» depuis les attentats de Casablanca, en mai 2003. Mais il a aussi insisté sur la nécessité d'une «politique commune de l'immigration», profitant de l'occasion pour promouvoir sa proposition d'instaurer des quotas.

Applaudi à tout rompre par l'auditoire, Nicolas Sarkozy n'a pas eu le temps de savourer son triomphe : le roi Mohammed VI l'attendait à Fez. Durant ses deux jours de visite, le candidat quasi déclaré à la présidentielle de 2007 a aussi rencontré l'élite politique et économique du Maroc. Un investissement pour l'avenir, et pas seulement de l'Europe.

Judith Waintraub
Source : Le Figaro

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