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USFP/PJD: La guerre des festivals

Attajdid a fait sensation hier. La une du journal titrait, mardi 23 août, sur l’effet des festivals sur la “dégradation des mœurs” et reprenait les résultats préliminaires d’un sondage publié sur le site du journal arabophone de l’USFP, Al Ittihad Al Ichtiraki.

Pour ce sondage, Al Ittihad Al Ichtiraki invitait les internautes à donner leur avis sur les festivals: “Croyez-vous que les festivals d’été contribuent à: -cultiver les esprits des citoyens, -les distraire,- dégrader les mœurs ou sans réponse. Selon Attajdid, les concepteurs du sondage “auraient délibérément et de manière intelligente incité les sondés à opter pour la première réponse”, à savoir cultiver les esprits. Et ce, “en mettant un symbole particulier à côté de cette case, alors que les dernières cases ne sont précédées d’aucun symbole distinctif. En dépit de tout cela, ajoute-t-on à Attajdid, “jusqu à 15 heures 15 minutes du lundi 22 août, les résultats du sondage étaient contraires aux desiderata des responsables d’Al Ittihad Al Ichtiraki. Selon le journal du PJD, les résultats du sondage sont des indicateurs forts qui révèlent la position de l’opinion publique. D’ailleurs, les premiers résultats font valoir que 74% des participants (au nombre de 44. NDLR: ce qui n’est pas du tout représentatif de la société marocaine) pensent que les festivals contribuent à la dégradation des mœurs. Et d’ajouter que 21% des participants y voient un moyen de distraction, alors que 5% seulement pensent que les festivals peuvent cultiver les esprits.

Contacté par L’Economiste, Hadj Allal El Amrani, secrétaire de rédaction à Attajdid, estime que son journal a une position envers les festivals. Selon lui, nous nous n’inscrivons pas en porte-à-faux ni ne sommes contre le principe de l’organisation de festivals. Pour El Amrani, le Mouvement Unité et Réforme (MUR), dont Attajdid est porte-parole, n’est pas contre les festivals, mais adopte une position claire qui dénonce “le gaspillage, l’incitation à la débauche, le tapage nocturne, la dégradation des mœurs et ce qui s’ensuit dans de nombreux festivals”. Le dernier concert de Nancy Ajram, qui a eu lieu à Marrakech, est pointé du doigt.

Selon le responsable du journal Attajdid, il ne s’agit là en fait que de la partie visible de l’iceberg. “Nous connaissons depuis quelque temps une campagne virulente qui instrumentalise notre position envers les festivals”. Selon El Amrani, il y a des enjeux politiques et du lobbying derrière et qui se profilent à chaque fois qu’une décision politique s’approche, notamment le remaniement ministériel. Et ce, afin de discréditer le PJD auprès de ses sympathisants et le circonscrire par une désinformation orchestrée par presse interposée. Résultat: beaucoup d’amalgames, de confusions et de diabolisation d’Attajdid, du MUR et du PJD ainsi que leurs sympathisants.
Pour Al Ittihad Al Ichtiraki, la réplique ne se fait pas attendre. Abdelhamid Jmahri, membre du Conseil national de l’USFP et journaliste à Al Ittihad, “s’il y a confusion, il faut la chercher du côté du MUR et Attajdid”. Et d’ajouter, l’on est en train de vivre une supercherie, car au moment où l’on case les détracteurs des festivals dans le cadre politique, ils se faufilent vers le moral et vice versa. Selon Jmahri, la situation est préoccupante car l’on assiste à une ritualisation de la vie publique. “Cela a commencé depuis que le MUR et le PJD existent”, précise-t-il. Pis encore, Jmahri parle d’une tentative de réappropriation et d’une récupération de l’espace public qui était, par le passé, sous la mainmise de l’Intérieur. “Si le public marocain est en train de récupérer son espace, c’est tout à son honneur”, ajoute-t-il. Et au journaliste d’Al Ittihad Al Ichtiraki de se demander, loin de la polémique à connotation politique ou morale, est-ce que l’espace public est à ritualiser dans une vision rétrograde et austère?

“Qu’ils disent avec précision ce qu’ils reprochent à chaque festival. Quand ils disent qu’ils ne sont pas contre, ils ne font allusion à aucun festival en particulier. Qu’ils donnent le nom d’au moins un seul festival qui leur plaît”, lance-t-il. Et c’est cela l’amalgame, renchérit Jmahri. Pour lui, le titre, l’esprit et le contexte de la une d’Attajdid du 23 août en disent long sur les soubassements d’une vision en mal de sensation et d’une politique en perte de vitesse. Une chose est sûre, selon le membre de l’USFP, si débauche il peut y avoir, les gens n’attendent pas la tenue d’un festival pour la manifester. “Les partisans d’Attajdid sont en train de radicaliser le débat”, déduit Jmahri.


Le sondage de la discorde

Pour Khalil Jabrane, journaliste et responsable du site d’Al Ittihad Al Ichtiraki, des sondages hebdomadaires son régulièrement organisés par la rédaction qui est à une centaine aujourd’hui. Le dernier en date est celui diffusé lundi sur www.alittihad.press.ma. Selon le responsable du site, il est prématuré de tirer des conclusions lors des premiers jours du sondage. Or, selon Jabrane, Attajdid a recueilli les premiers résultats à peine une heure après la diffusion du sondage sur le Net. “La question a été posée à 14 heures. Vers 15 heures 15 minutes, ils ont recueilli 42 sondés, ce qui n’est pas du tout représentatif”, argue-t-il. De plus, ajoute-t-il, l’échantillon est faible. A l’heure où nous mettions sous presse, quelque 1.028 participants avaient répondu aux questions du sondage. Parmi eux, 801 personnes (soit 78%) trouvent qu’un festival est un moyen de divertissement sans plus, 8% pensent que ce type d’évènement permet de cultiver les esprits, alors que 140 internautes (14%) y trouvent la cause principale de la dégradation des mœurs. Pour Khalil Jabrane, les six colonnes consacrées à l’article d’Attajdid ont pour fondement des considérations purement politiques. “L’article prouve bien qu’il s’agit d’une campagne menée tambours battants contre le ministre de la Culture”.

Amin RBOUB
Source : L'Economiste

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