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Mouvement sur la parité pour les élus marocains

Ce n’est pas du féminisme. Ni une revendication égalitaire. Le «Mouvement pour le tiers des sièges élus aux femmes», qui vient d’être créé tout récemment, est l’expression d’une revendication avant tout politique. Et surtout une lutte contre la montée des intégrismes.

30% au Parlement, l’expression d’une «non-discrimination»
C’est en tout cas ainsi que le présente le collectif des associations qui le composent et qui viennent d’établir un mémorandum sur la question de la parité. «Trop tard par rapport au calendrier des négociations entre le gouvernement et les partis politiques?», s’interrogent certaines parties. «Assurément non, rétorque Rachida Tahiri, membre de l’ADFM (Association démocratique des femmes du Maroc), il est toujours temps d’apporter des amendements».

Le collectif, qui a déjà rassemblé plus de 500 signatures, attend pour l’heure d’être reçu par le Premier ministre, Driss Jettou et Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur. Ses membres, près de 4 centaines actuellement, ne comptent pas lâcher prise. Les femmes des différentes associations semblent toutefois sereines. L’adhésion des deux femmes du gouvernement (Nouzha Chekrouni et Yasmina Baddou) et de l’ensemble des femmes parlementaires est un gage supplémentaire. Ce qui ne signifie pas pour autant que la partie est gagnée. Mais la bataille électorale est déjà engagée et les enjeux clairement définis. Le sujet de la participation féminine (parité) n’est pas récent. Sous d’autres cieux, dans les pays où la participation féminine est largement supérieure à la nôtre, il pose toujours problème.

Tournant dans l’histoire politique
Dans le monde arabe, le Maroc se place à la quatrième position après l’Irak, la Tunisie et la Syrie. Aux dernières élections législatives, en 2003, les résultats ont été décevants, même s’ils ont marqué un tournant dans l’histoire politique du pays. L’hémicycle comptait alors 35 femmes, soit 10% de l’ensemble des élus. Pour les prochaines échéances, les associations féminines, qu’elles soient issues de partis politiques ou pas, ne comptent pas s’arrêter là. Elles réclament 30% au moins des sièges. La dernière rencontre avec les femmes parlementaires, mercredi 7 juin, a abouti à un «consensus» sur la question. En est-il autant au sein des partis? «C’est là tout le cœur du problème, explique Rachida Tahiri, mais il faut bien s’attaquer au problème». Les mentalités n’arrangent guère les choses. «Un parti est de toutes façons le reflet de la société», estime Nezha Skalli, parlementaire et membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS). Le mémorandum explicite les mesures à prendre pour atteindre cet objectif: rejet du mode de scrutin uninominal qui «ne laisse aucune chance à la représentation féminine», le maintien du mode de scrutin de liste à la proportionnelle et l’introduction, dans la loi, d’un article stipulant que «le nombre de personnes du même sexe ne doit pas être inférieur au tiers du nombre global des membres des institutions représentatives», indique le document. Les associations placent le débat à un autre niveau. «L’avancée constatée de certaines forces obscurantistes ne pourra être stoppée que grâce à une plus grande participation féminine». Et même si les discriminations sont ancrées dans les pratiques et structures mentales et les mécanismes d’exclusion considérés comme naturels, le combat «aura forcément une issue positive». Le Maroc n’a plus le choix. Il y va de son image à l’international.

Amale Daoud
Source: L'Economiste

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