Deux rescapés du car de la mort en Espagne racontent l'incroyable...

Des bagages ont disparu ainsi que des effets personnels, montres et portefeuilles notamment, qu'elles portaient sur elles au moment de l'accident. Voilà ce qu'affirment deux rescapés rapatriés par avion sanitaire mercredi et jeudi passés et hospitalisés à Bruxelles, et que nous avons pu rencontrer ce week-end. M. Abdeslam Chaara, 69 ans, était officier principal de police dans la Sûreté nationale marocaine.


Le couple provient de Larache (80 km de Tanger), localité qu'il avait quittée le samedi matin (l'accident s'est produit le dimanche à 8 h 04, selon M. Chaara). Le voyage leur avait coûté 750 dirhams (environ 75 euros). À la différence des trois chauffeurs, la banquette qu'occupaient les Chaara n'était pas équipée de ceintures. Ils occupaient la troisième banquette derrière le chauffeur. Mme Latifa Trissene, 59 ans, était assise près de la fenêtre. Son mari était côté couloir. C'est un trajet que le couple fait régulièrement depuis 25 ans. Leur fils, Mohamed Ali Chaara (qui leur sert d'interprète), vit à Schaerbeek.


Ses parents qui devaient assister au mariage d'un cousin dans trois semaines à Bruxelles ramenaient du Maroc des cadeaux et plusieurs objets traditionnels, bijoux (bagues, colliers) et pièces de vêtements contenant de l'or. Trois de leurs six bagages n'ont pas été retrouvés, dont celui qui contenait l'or - entre 9.000 et 10.000 euros. Les sacs que les Chaara ont récupérés avaient été fouillés. Dans l'un d'eux manque une caméra vidéo de marque JVC.


La montre que M. Chaara portait au poignet, une Festina achetée l'an passé en Belgique, a également disparu après l'accident. Les Chaara s'interrogent aussi sur la disparition de plusieurs effets personnels: deux paires de lunettes (dont celle de Mme Chaara), les deux appareils auditifs du mari ainsi que son appareil dentaire. Enfin, son argent a disparu. Abdeslam Chaara possédait deux portefeuilles. Celui qui contenait divers papiers (passeport, carte de résidence en Belgique). Par contre, celui qui contenait ses cartes bancaires au Maroc et son argent (de 120 à 150 euros) a disparu.


Le couple était très proche de M.Mohamed El Fouinti qui a trouvé la mort dans l'accident, et de son frère Ahmed, toujours dans le coma à l'hôpital Princessa à Madrid. En Belgique depuis 1971, Mohamed El Fouinti, ancien carrossier chez VW-Meiser, n'avait que 53 ans.


Il voulait profiter du séjour pour peut-être acheter un appartement au Maroc. Le projet n'avait pu se réaliser. M. El Fouinti ramenait en Belgique l'argent qu'il avait prévu pour l'achat. Il transportait la somme dans un sac banane. Le sac avec divers papiers a été retrouvé sur la dépouille, pas l'argent. M. Chaara affirme que son ami lui avait montré cet argent, entre 30.000 et 35.000 euros (en coupures de 500).


Le couple n'a pas été interrogé


À la différence de son mari, Latifa, qui sommeillait, n'a rien vu de l'accident. Elle a été éjectée. Son mari, resté coincé, a dû s'extraire du car par ses propres moyens.


Bien évidemment, dans la mesure où ils se refusent à mettre en cause les sauveteurs (dont ils louent en revanche l'efficacité), les Chaara et leur fils qui a passé neuf jours sur place supposent que ces pillages n'ont pu être commis que par les curieux qui se sont arrêtés sur l'autoroute juste après l'accident.


Latifa Chaara a été hospitalisée au Puerta de Hierro. Elle et son mari n'ont pas été dirigés sur le San Carlos à Madrid. Pendant les douze jours d'hospitalisation, ni l'un ni l'autre n'ont été interrogés, comme témoins et plaignants éventuels de l'accident, par les autorités espagnoles en charge de l'enquête. Dès que leur état le leur permettra, ils entameront à Bruxelles et depuis Bruxelles les démarches qui s'imposent.


Un dépôt de plainte est envisagé.

Gilbert Dupont
Source: La Dernière Heure