MRE: Ce mois sacré nous rapproche davantage de nos traditions

Le Ramadan pour les Marocains résidents à l'Etranger est ce que sont les fêtes de fin d'années pour les Chrétiens. La comparaison peut sembler osée, mais ce mois est synonyme de régime très spécial que tout Musulman essaye d'observer. Durant ce mois-ci, la quotidienneté change : Les comportements, inter ou extra communautaire, subissent de grands changements.
En France, où réside le plus grand nombre de la communauté marocaine en Europe et où l'Islam est la deuxième religion, Ramadan est vécu au même rythme que dans les pays d'origine.

“ Le mois de Ramadan nous rapproche davantage de nos traditions, de nos enfants et surtout de notre religion.
Même les jeunes qui, d'habitude, se soucient peu de la religion, profitent de ce mois sacré pour raviver leur foi ”, souligne Hadj Mohamed Lahcen, résident marocain à l'étranger, venu passer ce mois sacré parmi les siens.

Sur place, le régime alimentaire et social subit des changements conséquents.
Le rôle de la mosquée se consolide par de nouvelles fonctions, propres au mois de Ramadan. En plus des rendez-vous de la prière, les Musulmans y viennent pour les deux repas de la journée et surtout pour des veillées religieuses “ très chaleureuses ”. La plupart des étudiants logeant dans les cités universitaires et les SDF maghrébins y trouvent un lieu d'accueil et un refuge quotidien, tout au long du mois sacré. Les familles marocaines, vivant en France, se relayent pour préparer de grandes quantités de mets spécial ramadan. Le sentiment de solidarité gagne du terrain et les liens se resserrent autour de valeurs humaines affaiblies par les préoccupations quotidiennes de tout un chacun.

Dans les foyers, Ramadan est l'occasion rêvée pour renouer avec l'atmosphère familiale éclatée par un mode de vie, jugé trop moderne. Les f'tours quotdiens donnent souvent lieu à des soirées ramadanesques très animées : Jeux de société, discussions, où tout simplement des soirées entières devant un petit écran branché sur les ondes de la première chaîne (RTM). Parfois même, les amis français sont conviés à découvrir la tradition marocaine et par la même s'informer sur la réalité souvent rattachéE, dans l'esprit des Français, au phénomène de l'intégrisme.

Ramadan et religion

Pour la grande majorité de la société française, ce changement d'habitudes est très notable. Chez tous les Maghrébins, en particulier les jeunes, le mois de Ramadan est une autre manière de revendiquer leur appartenance. “ Il y a plus que jamais un retour des pratiques du Ramadan chez les jeunes. Ceci est vrai depuis quelques années déjà mais à partir de 1997, cette tendance s'est fortement accentuée ”, souligne Saïd Bouamama, sociologue et économiste. Un regain d'intérêt qui suppose autant de questions sur la signification réelle de ce rituel chez la population maghrébine. Un sentiment de paranoïa qui émane, en grande partie, des échos des actions des islamistes surtout en Algérie et au Moyen Orient.

A ce niveau les analyses divergent. Pour les uns, le regain d'intérêt pour la pratique du jeûne est synonyme d'un rapprochement de la religion musulmane. Mais pour d'autres, dont Saïd Bouamama, “ il ne s'agit pas à proprement parler d'un retour à la religion, même si le processus peut en prendre l'apparence, et même si les jeunes dans leurs discours disent que c'est un retour à la religion ”. Et de continuer “ C'est le reflet d'une angoisse sociale. Des jeunes, qui dans le passé, auraient cherché l'explication de leurs problèmes dans les engagements politiques, sociaux ou idéologiques, recherchent aujourd'hui la réponse à leurs difficultés dans la religion. Ce retour du religieux cache ou révèle un double aspect. Il s'agit d'abord d'une préoccupation identitaire, qui ne traduit pas seulement une crise d'identité maghrébine mais qui exprime aussi une crise d'identité sociale ”.

Esprit Ramadan

Des immigrés qui sont amenés à observer le jeûne dans un environnement différent où Ramadan attire d'abord par la singularité des rituels. Si dans les pays d'origine toute la société s'imprègne de l'esprit Ramadan, en Occident, cette manifestation sociale attire l'attention par la motion très spéciale de la notion du temps (journées lentes et soirées très animées) et par un rituel spirituel, signe de l'appartenance de tous ces jeûneurs à la communauté musulmane.

Cet enchevêtement des temps n'empêche pas pour autant les Marocains de savourer pleinement les délices du Ramadan. C'est l'occasion de puiser dans la tradition et de concocter, avec patience des plats spéciaux. A Barbes Rochechouart, La Goutte d'or, Porte Clichy, Porte Saint Denis, le Marché de l'Aligre dans le XII arrondissement… l'ambiance est aux couleurs et saveurs du Ramadan. Durant ce mois, de nouveaux métiers voient le jour. Les vendeurs de gâteaux et de crêpes envahissent les marchés pour le grand plaisir des femmes contraintes de travailler jusqu'à une heure tardive. “ Le marché est un lieu incontournable durant ce mois.

Même les femmes au foyer y trouvent leurs comptes. Les marchandises qui y sont exposées nous permettent de gagner du temps et d'être à l'heure pour la rupture du jeûne ”, souligne Fouzia, 35 ans, résidente en France depuis une dizaine d'années.

Déjà deux semaines ! Malgrés les contraintes professionnelles et estudiantines, toutes les opinions s'accordent à vanter les spécificités de ce mois sacré. On se rappelle, avec nostalgie, les sooirées ramadanesques et les veillées nocturnes qu'on ne peut se permettre durant les autres mois de l'année.
Heureusement qu'un autre événement religieux animera les réunions familiales.
Dans deux mois, la fête d'El Aïd Kébir (fête du mouton) relayera ce mois-ci avec des habitudes et des ambitions bien de chez nous.

L'Islam en France

Le nombre des Musulmans en France a dépassé les cinq millions de personnes pour devenir la deuxième religion en Hexagone. Sur les cinq million de Musulmans, un million est français. 38% de ces Musulmans vivent en Ile-de-France et 13% dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Sur l'ensemble du territoire français, le nombre des mosquées est estimé à plus d'un millier. 90% sont d'une petite superficie (mois de 40 personnes). Seules 8 d'entre elles peuvent accueillir plus de mille personnes.

Source: Le Matin