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Assassinat du réalisateur néerlandais Theo van Gogh, un suspect arrêté

Le réalisateur néerlandais Theo van Gogh, arrière petit neveu du peintre Vincent Van Gogh et auteur de films controversés dont un récent consacré à l'islam, a été assassiné mardi à Amsterdam et son meurtrier présumé possède les nationalités marocaine et néerlandaise.

Cet assassinat a immédiatement rappelé aux Pays-Bas le meurtre en 2002 du dirigeant populiste Pim Fortuyn dont Theo van Gogh partageait le refus d'une société multiculturelle et sur lequel il venait de terminer un film.

Dans la soirée, quelque 20.OOO personnes, dont de nombreux responsables politiques, se sont retrouvées sur le Dam, au centre de la capitale, pour une manifestation bruyante, comme l'avaient demandé les proches de Theo van Gogh. Les cloches des églises ont sonné et les trains ont fait retentir leur sirène.

"La liberté d'expression est un des fondements de notre société, mais elle a été ébranlée aujord'hui", a déclaré le maire Job Cohen, un Néerlandais de confession juive traité de collaborateur nazi par Van Gogh dans sa dernière chronique.

A La Haye, une vingtaine de personnes clamant des slogans anti-magrhébins ont été interpellés.

L'auteur présumé du crime, un résident d'Amsterdam âgé de 26 ans qui possède la double nationalité marocaine et néerlandaise, a été arrêté, a annoncé la police, sans pouvoir fournir la moindre explication sur ses motifs.

Le suspect aurait, selon le ministre de l'Intérieur Johan Remkes, des liens avec un groupe d'islamistes radicaux surveillés par les services de renseignement néerlandais, sans toutefois faire partie du noyau dur.

La police avait fait des rondes autour du domicile de Theo van Gogh après la diffusion fin août par une télévision néerlandaise de "Submission", un court-métrage sur le Coran et la soumission de la femme, fondé sur le scénario d'une parlementaire libérale d'origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali.

Mais il n'y avait "pas d'information sur des menaces concrètes qui auraient justifié une protection personnelle au cours des derniers mois", a déclaré au cours d'une conférence de presse à Amsterdam le procureur Leo de Wit.

"C'est vraiment horrible", a déclaré le secrétaire d'Etat néerlandais aux Affaires européennes Atzo Nicolaï, à son arrivée à une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. "Cela rappelle à chacun d'entre nous ce qui est arrivé à Pim Fortuyn."

"Il y a un climat qui pousse les gens à se réfugier dans la violence", a déclaré à La Haye le Premier ministre Jan Peter Balkenende. "C'est inquiétant". "C'est un jour triste pour la liberté d'opinion qui est la pierre angulaire de la démocratie et de l'Etat de droit", a-t-il ajouté.

Le Conseil urbain marocain, qui défend les intérêts de la communauté marocaine d'Amsterdam, a vu dans cet assassinat "un acte méprisable, un meurtre lâche". "Nous demandons à tous de garder la tête froide pour permettre à chacun de faire le deuil de Theo van Gogh dans la dignité", a-t-il ajouté.

Ayhan Tonca, porte-parole d'un organe qui fait le lien entre les musulmans et les autorités, a estimé que "ses opinions sur l'islam étaient effroyables et blessantes pour la communauté musulmane, mais que rien ne justifiait le meurtre".

Le Centre d'information et de documentation sur Israël a déclaré dans un communiqué que "ses opinions étaient provocantes et même blessantes - même pour les juifs - (mais) cela ne justifie pas le meurtre".

Selon les forces de l'ordre, Theo van Gogh a été d'abord poignardé, puis abattu de plusieurs balles, dans l'est d'Amsterdam, alors qu'il faisait du vélo. Une autre personne a été blessée par les coups de feu. L'assasin a laissé une lettre sur le corps du réalisateur mais aucun détail n'a été donné sur son contenu.

Theo van Gogh venait d'achever un film sur l'assassinat de Pim Fortuyn, qui avait bouleversé un pays dont l'histoire récente ignorait le meurtre politique.

Comme Pim Fortuyn, il était réputé pour ses prises de position souvent tranchées, publiées dans la presse ou sur son site internet appelé "le fumeur bien portant".

Il y fustigeait la société multiculturelle néerlandaise qui est, selon lui, une attaque "contre les normes et les valeurs de la société occidentale, défend l'islam agressif et rétrograde", et menace de "transformer les Pays-Bas en Belfast d'ici à quelques années".

Auteur d'une vingtaine de films et de trois livres, il était un chouchou des débats télévisés, dont il quittait souvent le plateau en claquant la porte.

Source: AFP

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