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Le e-journalisme au Maroc : état des lieux

L'année 2004 marque manifestement une étape cruciale dans le développement du e-journalisme au Maroc, unique pays en Afrique à accorder une reconnaissance aux journalistes qui travaillent sur la toile.

Encore faut-il rappeler que le développement du journalisme en ligne, et partant, la reconnaissance officielle du métier de e-journaliste, cyber-journaliste ou journaliste en ligne, est le résultat du régime libéral adopté au niveau de la réglementation de la publication sur Internet dans le Royaume qui exonère de toute déclaration préalable ou à posteriori ceux qui veulent lancer leur journal électronique.

D'ailleurs, l'expérience marocaine, en comparaison avec celles de la plupart des pays du monde arabe où l'Internet fait continuellement l'objet de restrictions, est qualifiée de "réussie" selon les professionnels marocains chargés de fournir l'information en ligne.

Dans une déclaration à la MAP, Rachid Jankari, responsable de la rubrique technologie à Menara (Casanet), estime que le journalisme électronique au Maroc a un fort potentiel de développement sous l'effet de deux facteurs.
Il s'agit tout d'abord, selon lui, du développement important d'Internet au Maroc puisqu'il existe aujourd'hui plus de deux millions d'utilisateurs et plus de 100.000 abonnés.

Il a, de même, souligné que le parc informatique marocain est constitué de 700.000 machines, outre une croissance annuelle de plus de 100.000 nouvelles machines vendues sur le marché. D'autre part, le responsable de la rubrique Technologie à Menara fait remarquer que la mise en place d'un cadre juridique "clair et flexible " pour réglementer et encourager l'édition et la publication sur Internet, s'impose, même si le régime adopté par le Maroc en la matière est un réel "avantage".

Il estime toutefois que le développement du métier de e-journaliste est tributaire de la mise à niveau des établissements de formation des journalistes, notamment à travers l'intégration d'un module spécifique pour le multimédia.
Il est toutefois nécessaire de rappeler que les supports sont généralement les portails et les cybermagazines, dont les premières rédactions sont apparues entre 1999 et 2000, ou les versions électroniques des différents médias de la presse écrite, de la télévision et de la radio.

"L'évaluation de l'appropriation des technologies de l'information par les médias marocains se situe à deux niveaux", a précisé M. Jankari, expliquant que le premier concerne les supports purement numériques qui sont encore en croissance (sites disponibles exclusivement sur le web) alors que le second est relatif aux versions électroniques des médias "classiques".

Le site de l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) est une illustration de cette avancée notable, puisque l'agence s'est résolument inscrite dans la dynamique de l'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la communication que connaît le paysage médiatique national depuis quelques années.

Pas moins d'une quinzaine de journalistes s'attellent quotidiennement à alimenter le site de l'agence d'informations nationales rubriquées et en quatre langues. Bien plus que l'information, une photothèque comprenant des photos d'actualité nationale est également mise en ligne.

"Un point très symbolique sur la voie de vulgarisation du "métier"

Tarik Essaadi, journaliste webmaster à Emarrakech.info, l'un des cybermagazines les plus en vue se dit, quant à lui, "très optimiste sur le sort du contenu web marocain", notamment avec l'avènement de l'ADSL.
"On est également heureux de constater les remarques bénéfiques des institutions spécialisées sur le sort du e-journalisme marocain, comme par exemple le dernier symposium organisé par la BBC à Rabat qui a fait notamment le point sur l'évolution du paysage de la presse électronique au Maroc", a-t-il confié à la MAP.

La reconnaissance par le ministère de la Communication et le Syndicat national de la presse marocaine du statut de journaliste en ligne est un point très symbolique sur la voie de vulgarisation du "métier", a-t-il ajouté, se réjouissant, à l'instar de ses confrères "en ligne" de cette décision qu'"on ne peut qu'admirer et encourager".

"Ce que nous sommes en train de tisser sur la toile est récent, ce n'est qu'en l'an 2000 que les choses ont commencé", précise-t-il, ajoutant que cette dynamique a été initiée via les tentatives de quelques portails et cybermagazines dont Menara, Yabiladi, Wanadoo et Emarrakech.info. Ce qui explique, selon lui, cette "lenteur" dans le développement du contenu "encore minime sur une toile envahissante".

M. Essaadi a également évoqué le phénomène des blogs, qui sont une nouvelle génération de sites Internet interactifs et vivants, "très prometteurs comme action d'édition sur le Net marocain" et celui du langage XML "qui permet un échange révolutionnaire des idées et d'informations" pour le journalisme en général et la presse en ligne, en particulier.

Il reste cependant que le e-journalisme au Maroc est bien nanti sur le plan technique et que la presse marocaine est en train de se faire une place sur la toile mondiale.


Malika-Bouchra Basrhir
Source: Menara

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