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Etat des lieux de l'enseignement supérieur marocain

Chaque année, 30.000 étudiants sortent des universités marocaines. Combien d’entre eux sont insérés dans le monde professionnel? Le département de l’enseignement supérieur ne pousse pas la curiosité aussi loin. Celui-ci produit toutefois annuellement un livret de statistique pour constater les différentes évolutions.

La progression la plus significative concerne les établissements universitaires qui sont passés de 83 à 88 établissements dont deux facultés pluridisciplinaires. Paradoxalement, la hausse de l’effectif des étudiants n’est pas significative. De 294.000 l’année dernière, ils sont passés à 300.000 cette année. Ce qui s’explique par le mouvement entre les différentes branches: il y a moins d’étudiants en sciences juridiques et économiques et social et plus en sciences de l’ingénieur et commerce et gestion. Une réorientation que la nouvelle conjoncture économique dicte. Cependant, le renforcement des infrastructures est censé encourager de nouvelles personnes à poursuivre leurs études universitaires et non détourner les étudiants des autres branches.

En termes de densité, le plus grand campus n’est ni à Rabat, ni à Casablanca… mais à Marrakech. L’université Cadi Ayyad compte en effet plus de 41.000 étudiants. Vient ensuite l’université Sidi Mohammed Ben Abdellah à Fès avec plus de 40.000 étudiants. Agadir et Oujda occupent les 3e et 4e rangs avec respectivement 27.000 étudiants à l’université Ibnou Zohr et 26.000 à Mohammed Premier.

Rabat et Casablanca comptent chacune deux universités qui à elles deux totalisent le plus grand effectif du pays. Près de 48.000 à Casablanca et 43.000 à Rabat. Ces deux pôles attirent les étudiants de tout le Maroc mais la diversité de l’offre en formation notamment dans le secteur privé fait que les universités des deux villes sont moins saturées que celles de Marrakech et Fès.

Ceci dit, il n’est pas étonnant que les facultés marocaines soit aussi congestionnées. Une fois inscrits, les étudiants ont du mal à les quitter! Et pour cause, 80.000 nouveaux inscrits envahissent les universités chaque année, mais seuls 30.000 décrochent leur diplôme. Allez expliquer la différence! Grands taux d’échec, déperdition… Des facteurs accentués par le laisser aller des administrations des facultés: un étudiants peut s’inscrire sans jamais assister aux cours, il n’en sera peut-être jamais renvoyé.

Le sureffectif ne concerne pas toutes les filières. Celles des sciences de l’éducation, par exemple, connaît une hémorragie sans prédédent. Moins d’inscrits, moins d’enseignants et moins de lauréats …. C’est une filiale boudée par les étudiants et délaissée par le ministère. Ce domaine d’étude a perdu 43% de ses enseignants. Il n’en reste aujourd’hui qu’une cinquantaine dans tout le Maroc pour 500 étudiants… Que 500 étudiants, soit moins de 11% par rapport à l’année dernière. Pourtant, le besoin en formateurs et enseignants est plus que jamais accru. Cela sans parler du besoin en remplaçants aux départs des enseignants (DVD, retraites…)… qui, du reste, est le cadet des soucis des administrations universitaires.

La réforme était censée mettre fin à cette anarchie, mais même le personnel administratif dans beaucoup de facultés est dépassé par les nouvelles directives. Il faut dire que peu d’entre elles ont été suffisamment sensibilisées à la réforme.

Les administrations des établissements universitaires comptent un total de plus de 9.700 fonctionnaires. Cet effectif a baissé par rapport à l’année dernière où il était de 11.500. Donc 1.800 fonctionnaires ont quitté les universités. En outre, le corps enseignant a enregistré 800 départs. Pourtant le ministère maintient la même masse salariale que l’année dernière, soit 3.7 milliards de DH. Sur les statistiques du ministère, il n’y a nulle trace de nouveaux recrutements…

A noter, par ailleurs, que ce montant constitue 78% du budget de fonctionnement de l’Enseignement supérieur, qui est de près de 4,7 milliards de DH. Plus d’établissements, plus d’étudiants mais moins d’enseignants. Les universités marocaines ont perdu 800 enseignants cette année. Le pays ne compte plus que 9.600 enseignants dont 3.400 professeurs de l’enseignement supérieur (1 professeur pour 89 étudiants) et 4.300 professeur assistants. Mais encore, le détail de ces chiffres est encore plus alarmant. Le déploiement des professeurs à travers le pays est des plus déséquilibrés. L’université Ibnou Zohr d’Agadir ne compte que 515 enseignants, Mohammed Premier à Oujda n’en compte que 607. Ces universités dépassent pourtant en effectif d’étudiants les universités de Rabat qui comptent 1.985 enseignants ou de Casablanca avec ses 1.811 enseignants.

Privé
L’offre en enseignement supérieur privé est encore faible au Maroc. Si l’on exclut les pôles Casablanca et ses 47 établissement et Rabat avec ses 21 écoles il n’en reste que 42 dans tout le pays. Le privé compte plus de 21.000 étudiants. Environ 5.800 s’inscrivent chaque année, et plus de 3.500 obtiennent leur diplôme. A noter que le privé connaît une affluence grandissante avec cette année une augmentation de 12% de l’effectif.

Cités universitaires, les oubliés de la réforme
Plus de 35.000 étudiants marocains ont «l’énorme» chance d’avoir une chambre à la cité universitaire. La concentration de l’offre de formation dans les grandes villes aurait pourtant voulu que les capacités d’accueil soient beaucoup plus grandes. Rabat offre au total quelque 6.000 lits à ses 43.000 étudiants.

Enlevez la petite minorité de Rbati pour qui le problème du logement ne se pose pas, les cités universitaires ne logeront que le cinquième des étudiants étrangers à la ville. La proportion est plus déséquilibrée à Casablanca qui compte plus de 48.000 étudiants et n’offre que 2.100 lits. Voici donc un autre volet oublié de l’investissement.

Source: L'Economiste

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