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Violence à l'école. Un MRE crie au racisme

Adnane, un petit Marocain de 7 ans issu d'un mariage mixte, refuse de retourner à son école près de Lille en France. Blessé par sa maîtresse alors qu'il faisait du découpage, l'école essaie d'étouffer l'affaire.

L'incident remonte au 3 mai dernier. Dans sa classe à l'école maternelle Joliot-Curie à Lezennes, près de Lille, Le petit Adnane Fadili et ses camarades sont entrain de faire un simple découpage d'étiquettes à l'aide de ciseaux à bouts ronds et donc sans danger pour les jeunes écoliers. La maîtresse vérifie le travail de chacun et lorsqu'elle s'arrête devant Adnane, elle constate que ses étiquettes sont mal découpées. Un peu plus tard, l'école appelle la maman de Adnane pour lui annoncer que son fils s'était blessé avec sa paire de ciseaux. Dans le procès verbal établi par la police, Adnane donne une autre version «Jetais en train de découper du papier avec mes ciseaux. La maîtresse m'a mis un coup sur la main et mes ciseaux ont cogné ma tête». En lui tapant la main, la paire de ciseaux aurait touché le visage du jeune écolier au niveau de l'arcade sourcilière gauche. Transporté aux urgences, les médecins lui constatent une plaie de 0,7 cm et font un point de suture de 5,0 mm à l'aide d'un fil non résorbable. Du côté de l'école, on essaie de banaliser l'incident. D'après un inspecteur de la circonscription, parlant au nom de l'établissement, «l'enfant jouait avec des ciseaux, il a fait un faux mouvement et ils se sont accrochés dans ses sourcils». Une version que les parents de Adnane ont du mal à accepter. Dans une de ses déclarations, Lotfi Fadili, le papa, s'étonne : «Franchement, je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse s'entailler à ce point avec des ciseaux à bouts ronds». Ce que les parents de Adnane refusent d'admettre, c'est cet acharnement que met l'inspecteur à défendre la maîtresse d'école : «Je la connais (la maîtresse)», ajoute l'inspecteur, «elle a un caractère ferme, mais pas violent. Et peut-être que, de son côté, l'enfant n'est pas très approchable non plus, parfois...».

Toujours est-il que depuis cet incident, Adnane refuse de retourner à l'école. Selon sa maman, il aurait des troubles de sommeil et la nuit, il n'arrive plus à dormir tout seul. Une tentative de conciliation a bien eu lieu quelques jours après l'accident mais elle n'a rien changé. Nous avons demandé à ce que notre fils change de classe, confie Lotfi Fadili, mais cela ne semble pas être possible. On nous a même fait comprendre que si nous n'étions pas contents, nous n'avions qu'à changer d'école». Les parents voudraient bien, mais impossible avant la fin de l'année. Surtout que, dans sa déclaration à la police, Adnane fait allusion à une autre agression de la part de la même maîtresse. «Une fois, elle m'avait attrapé par le bras et jeté dans la porte, peut on lire dans le procès verbal, ensuite, elle avait demandé à une autre maitresse pour que j'aille dans une autre classe». Presque 15 jours sont passés et rien n'a encore été fait. A en croire les parents, à l'école comme à l'académie, tout le monde essaie d'étouffer cette affaire. «Quand on voit que dans un autre cas, un professeur a été mis en garde à vue pour avoir giflé un enfant qui l'avait insulté, on ne comprend pas pourquoi rien n'est fait pour Adnane. Si ce n'est pas du racisme, je ne sais pas ce que c'est», s'exclame le père.

Simple "main courante"

Le 3 mai, jour de l'incident, Lotfi et Nathalie Fadili, parents du petit Adnane ont eu du mal à enregistrer la plainte qu'ils voulaient déposer au commissariat. «On nous a proposé une simple "main courante" et il a fallu que nous insistions longtemps avant que la femme policier veuille bien accepter notre déposition», s'indigne Lotfî Fadili. En France, «faire une déclaration de main courante», c'est faire consigner des faits par un agent de l'Etat assermenté quand on ne souhaite pas déposer plainte. Les faits relatés sont alors consignés sur un registre appelé «main courante» et tenu par les services de police. Autrement dit, la main courante sur le dépôt de plainte sert à mentionner des faits officiellement, sans toutefois lancer de procédure. Cela devient une simple déclaration déposée et une vraie plainte n'est déposée que dans le cas où il y aurait récidive. «Or, ce n'est pas ce que nous voulions.. Ça, c'est pour les gens qui ne souhaitent pas porter plaine. Nous, nous étions là, au commissariat, devant les policiers et nous insistions pour au qu'ils prennent notre déposition. Je parie que s'ils ont finalement accepté, c'est parce que mon épouse s'appelle Nathalie».

Yassine Zizi
Source: Le Soir Echos

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