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Pédophilie. Une association marocaine se mobilise pour des peines plus sévères

Une autre affaire de pédophilie est en cours d'instruction à Casablanca. Un enseignant aurait abusé de 17 élèves. «Touche pas à mes enfants» compte observer un sit-in pour revendiquer la peine maximale.

«Salma nous racontait depuis déjà trois mois que son enseignant la mettait sur ses genoux, mais on était loin de croire que c'était un acte pédophile. On pensait plutôt que c'était de l'affection que lui témoignait son enseignant. Alors, pour nous, c'était normal», raconte Mehdi. Il est le père de Salma, 8 ans, une des victimes de cet instituteur de l'école Al Azhar de Sidi Bernoussi à Casablanca, interpellé il y a quelques jours à la sortie des élèves. «C'est lorsque le scandale a éclaté qu'on a compris que nous avions tort de ne pas prendre les choses au sérieux», reconnaît ce père dépassé par l'ampleur de l'événement, qui, jusqu'à ce jour, n'arrive pas vraiment à comprendre. «La pédophilie a pris tellement d'ampleur tout autour de nous que l'effet surprise s'est évaporé... Mais on commet souvent cette erreur de croire que ça n'arrive qu'aux autres», Mehdi est à la fois démoralisé et révolté car, pour lui, le département de l'Education nationale doit agir dans ces cas précis : «Le ministère doit recruter pour les écoles des psychiatres pas seulement pour les enfants mais avant tout pour repérer ces enseignants qui se révèlent être des pédophiles». Salma poursuit sa scolarité sans problème, affirme son père. «Vu son âge, elle n'a rien compris et c'est tant mieux !». En fait, Salma n'est pas la seule à avoir été victime de cet enseignant, actuellement en détention à Oukacha. Il s'agit d'un groupe de 17 enfants, selon l'Association «touche pas à mes enfants» qui représente les parents auprès de la justice. «Nous comptons réunir l'ensemble de ces victimes pour les présenter à un psychiatre. J'ai averti les parents, mardi, pour une séance collective», indique Najia Adib, la présidente de l'Association.

Les parents n'en sont pas conscients, mais cette prise en charge psychologique est nécessaire. De l'avis des psychiatres, un acte pédophile peut avoir des répercussions visibles très vite ou non chez l'enfant. C'est un traumatisme qui entraine certaines attitudes de repli ou de fuite. «L'affaire est en cours d'instruction en ce moment, mais nous avons d'ores et déjà décidé d'observer un sit-in le jour de l'ouverture du procès», affirme Najia qui se dit déçue par les verdicts auxquels aboutissent les affaires de pédophilie. «Pas plus tard que le 8 mai, un pédophile a été condamné à Agadir à une année ferme et à une autre en sursis, et à verser une amende de 10.000 dirhams. La fillette victime n'avait que trois ans !», lance, révoltée, la présidente de l'Association. Le sit-in devra servir d'occasion pour dénoncer le fait que la justice se contente toujours du minimum lorsqu'il s'agit: de juger des pédophiles.

Et des exemples, Najia Adib en a plusieurs. Elle rappelle ainsi que l'homme poursuivi pour avoir abusé du petit Hassan, 4 ans, qui avait été transféré au service de réanimation de l'hôpital d'enfants de Rabat en provenance de Kénitra, a écopé de 10 ans d'emprisonnement. «Mais ce n'est pas suffisant ! Dans l'article 485 du code pénal, il est clairement stipulé que tout abus sexuel contre des enfants de Moins de 12 ans est sanctionné par une peine de prison de 10 à 15 ans. Et c'est toujours le minimum que l'on retient. Pourquoi ?», se lamente Najia Adib, rappelant que Hassan portera toujours les séquelles de cette agression puisqu'elle lui a coûté un handicap à vie. Pour cette militante, l'histoire qui a secoué l'école El Azhar ne doit pas connaître la même issue. Il s'agit pour les victimes d'obtenir «véritablement» justice. Le développement de l'affaire nous le dira.

Leïla Hallaoui
Source: Le Soir Echos

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