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Maroc. Le froid menace le Moyen-Atlas

La tragédie d'Anfgou menace d'un retour imminent. Les associations locales dénoncent le silence des autorités face aux conditions climatiques qui risquent de coûter cher aux habitants.

Le froid a tué et tuera encore. Le cauchemar du petit village d'Anfgou n'a finalement pas servi de leçon. En tout cas, les militants associatifs locaux en sont convaincus. «C'est la même situation qui prévaut depuis deux ans où la mort d'une trentaine de personnes, en majorité des nourrissons, a fait l'effet d'une catastrophe», constate Aziz Akkaoui, membre de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Khénifra. La «catastrophe» plane au-dessus du village, mais aussi des douars environnants. Ici, le froid n'est plus un signe de l'hiver, c'est avant tout un ennemi face auquel il faut se battre pour vivre. «Le froid, c'est une question de vie ou de mort pour ces familles qui vivent dans autant de misère que par le passé. On arrive même à se demander comment elles arrivent toujours à tenir le coup avec moins de 20 dirhams pour se nourrir et se réchauffer !», s'indigne ce militant. Une situation plus dégradée qu'auparavant, à en croire les associations. Et pour ne rien arranger à l'état des lieux, des coupures de réseaux routiers sont également signalées entre Khénifra et Zaïda et entre celle-ci et Azrou. «Les voitures ne passent que par convoi sinon, c'est impossible», indique notre interlocuteur.

Résultat : des villages coupés du monde qui, pour revendiquer, leurs droits les plus rudimentaires se trouvent contraints d'observer des sit-in. «Il n'y a pas d'autres alternatives que celle-là. Nous envoyons des lettres aux responsables, mais cela ne suscite aucune réaction. Alors, les citoyens recourent aux marches populaires et aux sit-in», explique ce membre de l'AMDH, faisant référence au dernier sit-in organisé à Khénifra par les habiants d'Aït Hnini. «L'unique dispensaire qui devait répondre aux besoins de ce douar est fermé depuis dix ans. Quatre femmes de cette tribu sont décédées pendant l'accouchement en cette année2008. Nous avons tenté à plusieurs reprises et par écrit de rouvrir cette structure, en vain. Nous avons ainsi observé un sit-in, il y a deux semaines. Et trois jours après, une commission a été déléguée pour résoudre le problème», souligne Aziz Akkaoui. Les habitants d'Aït Hninr ont désormais droit aux soins médicaux et aux médicaments, chaque samedi, journée pendant laquelle un médecin de la santé publique assure l'opérationnalité du dispensaire. Quant au chauffage, à Khénifra, les habitants s'en remettent toujours au bois. «Le problème est le même! Les habitants n'ont que la forêt de cèdres et cela leur coûte parfois jusqu 'à 20.000DH d'amende du garde forestier».

A Azrou, la situation n'est pas meilleure. «Ici, le froid glacial a même poussé les fonctionnaires des services publics affiliés aux quatre centrales syndicales à organiser des grèves de 48 heures, mardi et mercredi dernier. Ils revendiquent le reclassement de la région en zone A et une indemnité pour affronter le climat très dur de la région», indique Hassan Merghane, président de l'AMDH à Azrou. Le froid augmente les enchères autour du bois en en faisant un trésor inestimable. «C'est saisonnier, dès que le froid envahit la région, les commerçants en profitent en vendant le bois à 900DH la tonne. Les familles ont besoin d'au moins deux tonnes pour se réchauffer, alors que leur pouvoir d'achat ne le leur permet pas», déplore ce militant associatif. Les familles, n'ayant d'autre source dévie que l'élevage et l'agriculture, n'ont pas les moyens de s'acheter ni bois ni appareil de chauffage électrique. Et ce n'est que la partie apparente de l'iceberg. Des villages enfouis dans les montagnes couvertes de neige cherchent une voie pour surmonter un hiver encore desplus glacials avec températures avoisinant les moins 20 °C. A Azilal, les habitants d'Aït Abdi (Zaouïat Ahansal) sont otages de la neige, coupés du monde. Sans accès (piste) ni moyens, ils sont 4.000 à espérer se réveiller un jour de ce cauchemar.

Samu social, un premier bilan

C est ce mardi 2 décembre à Casablanca que se tient l'assemblée générale ordinaire du Samu social. Présidée par Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité, cette AG sera consacrée à la validation du rapport moral et financier et du plan d'action 2008-2011. Une initiative qui s'inscrit dans l'objectif de redynamisation du Samu social de Casablanca et dont la cible reste les sans domicile fixe. Le Samu social leur propose la prise en charge. Et ce, en leur apportant une aide médicale et psychosociale. Le Samu social ouvre ainsi aux SDF de Casablanca un centre de jour dispensant des consultations médico-psychosociales. Il est question d'assurer surtout la présence régulière, dans la rue, d'équipes mobiles d'aide professionnelles et pluridisciplinaires auprès des personnes vivant dans la rue et l'hébergement d'urgence pour les cas jugés extrêmes.

Leïla Hallaoui
Source: Le Soir Echos

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