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Le sytème scolaire marocain perd 15 milliards de DH par an

Combien coûte à l'Etat la non qualité du système éducatif ? Plus de 15 milliards de DH par an, selon l'Association marocaine pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement.

Un nouveau rapport épingle le système éducatif national. Elaboré par l'Association marocaine pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement(AMAQUEN),ce document de 120 pages égrène, chiffres à l'appui, les défaillances de l'enseignement qui conduisent à des pertes financières très lourdes. Selon les auteurs de ce rapport, l'Etat a «perdu» en 2007 15.547.315.286 DH à cause de la non qualité de l'enseignement dispensé. Trois cycles d'enseignement sont concernés par cette évaluation à savoir le primaire, le secondaire collégial et le secondaire qualifiant. Un chiffre alarmant, sachant que le budget consacré au ministère de l'Education nationale et de l'enseignement supérieur en 2007 totalise près de 35 milliards de DH.

Les auteurs du rapport soulignent que cette estimation des dépenses est faite sur la base de quatre aspects : le redoublement scolaire, l'abandon scolaire, l'absentéisme des enseignants et l'arrêt non justifié des cours. Les heures perdues à cause de l'arrêt des cours affichent la grande part des pertes économiques estimée à 8.880.000.000 DH. «Ceci comptabilise les coûts perdus par le système éducatif quand les établissements scolaires sont en arrêt de travail alors qu'ils sont censés fonctionner. Ainsi, nous avons multiplié le coût annuel des heures de scolarisation qui est de 29 millions de DH par 0,3. Ce taux est le temps officiel de scolarisation perdu. Il comprend le temps perdu par les élèves pour regagner leurs classes, les jours d'arrêt des cours avant les examens et avant les vacances ainsi que les jours de pont. N'est pas comptabilisé ici le temps consacré aux vacances», souligne Abdennasser Naji, président de l'AMAQUEN: Par ailleurs, l'échec scolaire a aussi un coût pour la nation. Le redoublement scolaire représente un surcoût de 3.883.332.864 DH (511.881 élèves ont redoublé au primaire, 231.688 au secondaire collégial et 112.425 élèves au secondaire qualifiant). A noter que les dépenses de scolarisation d'un élève, qui redouble une classe en primaire, atteignent 3.405 DH par an. Selon le rapport, citant les données de l'UNESCO, le redoublement au Maroc représente 0,39% du PIB pour le primaire à lui seul, ce qui constitue l'un des coûts les plus élevés au monde, puisque le Maroc est classé 7e au niveau mondial dans ce registre. Alors qu'un étudiant du secondaire collégial ou qualifiant qui repasse l'année coûte respectivement à l'Etat 5.465 DH et 7.366 DH par an.

La facture s ' alourdit avec les dépenses engendrées par l'abandon scolaire avant l'achèvement du cycle obligatoire. Celles-ci sont estimées par l'ONG à 2.533.982.422 DH. Enfin, l'absentéisme des enseignants coûterait la bagatelle de 250.000.000 DH (1 million de jours perdus en 2007;à cause des absences des enseignants du primaire et du secondaire). Des chiffres qui donnent le tournis. Pour AMAQUEN, il s'agit, en tout, d'un manque à gagner estimé à plus de 15 milliards de DH par an.

«Notre système éducatif a un rendment très faible faisant de lui une grande usine fantôme qui gaspille beaucoup d'argent dans la production de rebuts et la reprise interminable des produits non conformes aux prescriptions des curriculums. Alors, au lieu de remettre en cause le principe de la gratuité ou de promouvoir l'enseignement privé au détriment de l'école publique sous prétexte du manque de sources de financement, il serait plus judicieux de transformer ces coûts de non qualité de notre système éducatif en source de financement de l'enseignement public», concluent les auteurs du rapport.

Khadija Skalli
Source: Le Soir Echos

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