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Affaire Charkaoui: le Canada révise sa position

Deux jours après avoir nié l'existence d'un mandat d'arrêt international contre Adil Charkaoui, soupçonné d'appartenir au réseau Al-Qaïda, le gouvernement canadien a dû réviser sa position jeudi. Le Maroc a en effet annoncé qu'il a émis en septembre dernier un mandat contre son ressortissant qui vit au Canada.

Le procureur qui représente les ministres de l'Immigration et de la Sécurité publique à la Cour fédérale a noté que le Canada n'a pas à exécuter le mandat en sol canadien. «Il n'a pas été rempli selon les règles d'Interpol pour devenir un mandat international», a remarqué Me Daniel Roussy, ajoutant qu'il ne pouvait dévoiler les motifs du mandat d'arrestation marocain.

Cette nouvelle a obligé le juge Simon Noël à suspendre, jusqu'au 21 mars, la révision judiciaire du certificat de sécurité délivré contre Charkaoui en mai 2003. A la fin de cette révision, le juge devra décider si le certificat de sécurité est raisonnable. S'il le maintient, M. Charkaoui pourrait être expulsé du Canada.

L'avocate de l'accusé, Dominique Larochelle, s'est montrée perplexe quant à l'arrivée soudaine du mandat d'arrestation marocain. «Est-ce que le mandat a été émis en septembre 2003 ou l'a-t-il été après les événements qui ont eu lieu dans cette cour?», s'est-elle interrogée.
Plus tôt cette semaine, après la diffusion d'un reportage de Radio-Canada dans lequel le ministre marocain de la Justice annonçait que le Maroc voulait arrêter Charkaoui, les procureurs canadiens avaient affirmé qu'aucun mandat d'arrêt n'existait. C'est au lendemain de cette annonce que le gouvernement marocain a rendu public un mandat émis il y a six mois.

Cependant, le mois dernier, la cour a été saisie d'un déclaration sous serment des parents d'Adil Charkaoui qui avaient reçu l'assurance de la consule marocaine à Montréal qu'aucune procédure judiciaire touchant leur fils n'était en cours au Maroc.

Me Larochelle, qui dénonce le double discours des autorités marocaines, croit que le juge devrait écarter les éléments de preuve qui ont été fournis par le Maroc. Elle a aussi demandé à la cour l'autorisation de contre-interroger Ahmed Ressam, ce Canadien arrêté à la frontière américaine alors qu'il essayait de faire passer des explosifs aux Etats-Unis.

Le gouvernement canadien croit qu'Adil Charkaoui a des liens avec des organisations terroristes, dont le Groupe islamique combattant marocain, que les Marocains estiment responsable des attentats de Madrid en mars 2004. Les autorités canadiennes avancent aussi que Charkaoui a pris part à un camp d'entraînement d'Al-Qaïda en Afghanistan, en 1998.

Source : Associated Press

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