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Pas de Marocains: le client n'en veut pas...

Un patron qui refuse d'engager des «étrangers» risque des poursuites.

Le client est roi? L'adage pourrait se retourner contre l'entreprise de portes basculantes Feryn, à Kapelle-op-den-Bos, près d'Anvers. La firme cherche des employés, avec permis de conduire C. Le recrutement via les petites annonces n'ayant rien donné, l'employeur a placé un panneau annonçant la vacance d'emplois le long de l'A 12 à Londerzeel. En quinze jours, une vingtaine de candidats se sont présentés chez Feryn; tous étaient d'origine marocaine; tous ont été éconduits. Le directeur général Pascal Feryn ne les engage pas parce que les clients n'acceptent pas que des monteurs allochtones installent des portes de garage chez eux. Confier sa clé à un «étranger», lui laisser libre accès au domicile pendant la journée de travail nécessaire à la pose, c'est une démarche apparemment insurmontable...

«Nos clients ne veulent pas de Marocains. Les monteurs doivent se rendre dans des maisons privées, souvent des villas, pour placer les portes de garage, et les clients refusent que ce soient des étrangers. Personnellement, je trouve ça très grave, mais je ne peux rien y faire», indiquait, jeudi, M. Feryn dans «De Standaard».

Ce n'est pas du tout l'avis de Marco Van Haegenborgh, responsable du service «racisme» au Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme. «Ce n'est pas parce que le client dit qu'il ne veut pas de Marocains, de Polonais ou de Turcs que l'employeur doit se soumettre à cette exigence!», réagit-il.

La crainte d'une possible réaction négative de la clientèle sert souvent d'argument pour refuser d'embaucher des travailleurs d'origine étrangère. «J'habite Anvers, je connais la mentalité, il faut que cela change!», s'exclame le responsable du Centre pour l'égalité des chances.

Résister, dialoguer

Plutôt que d'obtempérer aux fantasmes nourris de peurs de leurs clients, les patrons doivent résister et dialoguer avec eux, résister et défendre leurs employés, qu'ils soient d'origine étrangère ou non, en expliquant que ce sont des travailleurs compétents dont on n'a aucune raison de se méfier, insiste Marco Van Haegenborgh.

L'attitude de la firme Feryn pourrait d'ailleurs la conduire devant les tribunaux, si l'un des candidats éconduits décidait de déposer plainte sur base de loi contre le racisme. Le cas de la petite entreprise de Kapelle-op-den-Bos n'est hélas ni isolé ni limité à Anvers ou à la Flandre. «Depuis 2000, le nombre de plaintes de ce type est en hausse, que ce soit des refus d'embauche, des problèmes sur les lieux de travail ou des licenciements. Le secteur de l'emploi vient en première place pour les plaintes en matière de racisme», indique encore M. Van Haegenborgh. En 2004, le Centre pour l'égalité des chances a ouvert 157 dossiers de ce type, contre 141 en 2001.

Source: La Libre Belgique

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