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Zones enclavées du Rif : Une association française en chantier de solidarité

Le collège Omar Jaidi, le seul établissement d'enseignement secondaire de Stihat, une bourgade éloignée aux fins fonds des montagnes du Rif (province de Chefchaouen), était en fête le week-end dernier.

Elèves du collège et des jeunes français fêtaient l'aboutissement des travaux d'équipement de l'établissement en infrastructures sportives et en salle multimédia.

Les 17 jeunes français de l'association "Ateliers Sans Frontières" avaient pris le relais, il y a trois semaines, pour mener à bout le projet dont les premiers coups de pioche ont été donnés par un précédent groupe de bénévoles (association Chifae) depuis le début du mois d'avril dernier.

Le projet comprend une salle de gymnastique et de préparation physique couverte et bien équipée (200 m ), un terrain de sports collectifs, une salle multimédia dotée d'une vingtaine d'ordinateurs et une bibliothèque. C'est un événement pour tout le village, qui ne compte comme espaces de loisirs qu'une boutique tenant lieu de café du douar. Dans l'esprit de partage, la salle de sport et la classe multimédia bénéficieront également aux habitants du village.

Ainsi, moyennant un abonnement modique destiné à assurer l'entretien des installations, les villageois pourront venir s'essayer aux barres parallèles ou se débarrasser de l'intimidation qu'inspire un mystérieux clavier. Un animateur est à disposition pour guider les premiers pas dans les méandres de l'outil informatique.

Sollicitée par l'association locale "Maison des amis de la nature" (AMAN), la représentation au Maroc d'Ateliers Sans Frontières, qui compte à son actif plusieurs projets similaires dans différentes grandes villes du royaume, a décidé, pour la première fois, de mener une action sociale au profit de zones rurales et enclavées. Là où les besoins sont encore plus énormes et où le plus rudimentaire des infrastructures passe pour un luxe inaccessible.

Armés de volonté, les deux partenaires ont décidé de faire aboutir le projet malgré le manque de moyens. Adil Bellakhel enseignant au collège et membre actif de l'association locale AMAN, confie que la cagnotte ne dépassait pas les 5000 DH.
"Les équipements étant fournis par Ateliers Sans Frontières, la main d'oeuvre est en grande partie bénévole, quelques promesses de soutien, non tenues pour la plupart, en plus d'une grande détermination de part et d'autres, le projet nous a paru faisable", raconte-t-il. Nous avons entamé les travaux il y a quelques semaines avec un groupe de bénévoles hollandais et turcs, a-t-il précisé.

Patrick Karim Ouariaghli, délégué général d'Ateliers Sans Frontières au Maroc, reconnaît pour sa part que le projet a connu plusieurs difficultés en raison du mystérieux désengagement de plusieurs parties qui ont promis d'apporter leur soutien au chantier.

Mais grâce à la grande motivation des jeunes marocains et étrangers, l'adhésion et la contribution des habitants du village, agréablement surpris un jour de voir des jeunes français faire le nettoyage de la place du village et de la plage, la satisfaction du travail accompli a été au rendez-vous au terme de ce chantier de solidarité, souligne M. Ouariaghli.


De nouvelles perspectives professionnelles

La petite école primaire du village n'a pas été oubliée dans le chantier de Stihat. Un terrain de basket et de handball, un terrain de mini foot et des tables de tennis de table sont venus égayer l'espace de l'école qui a eu également droit à un brin d'embellissement à travers un élégant aménagement de son jardin et la plantation d'arbres. Juste après le coup de ciseaux sur le ruban symbolique, les chérubins ont pris d'assaut le terrain pour mettre à rude épreuve les ballons et les raquettes flambant neuf.

Occupé à apporter les derniers ajustements aux équipements de la salle omnisports, Alex, 25 ans, estime que, malgré un travail d'arrache pied durant trois semaines, l'expérience a été fort enrichissante pour lui et ses camarades. Œ'Nous avons découvert de nouveaux horizons, fait la connaissance de nouveaux amis et développé un formidable esprit d'équipe'', assure-t-il.

Alex et ses camarades sont originaires des banlieues défavorisés du Val de Marne (Ile de France). Au bout de quelques chantiers de solidarité initiés dans différents pays à travers le monde (Sénégal, Brésil, Thaïlande,..), ces jeunes en situation difficile arriveraient probablement à réussir leur réinsertion sociale.
A travers leur implication dans l'action de solidarité internationale, l'association vise à assurer l'insertion de ces jeunes, explique M. Ouariaghli.
L'apprentissage d'un métier et le développement du sens de la responsabilité et de la solidarité comptent parmi les meilleurs ingrédients pour toute approche de réinsertion, estime-t-il.

Et de relever que le taux de réinsertion des jeunes ayant entrepris l'expérience d'Ateliers Sans Frontière dépasse les 60 %, soit une très bonne performance dans ce domaine social en Hexagone. C'est également dans ce même sens que sont choisis les élèves du collège ayant pris part au chantier. Ce sont surtout des élèves en difficulté dans leurs parcours scolaire. Travailler dans les différents ateliers du chantier est susceptible de préparer ces élèves à de nouvelles perspectives professionnelles, relèvent les animateurs du chantier.

Autre mérite du projet Atelier Sans Frontière est celui d'avoir déclenché une dynamique au sein du tissu associatif de la région. A la cérémonie d'inauguration du projet, M. Ouariaghli est approché par les membres d'une association locale pour proposer un projet de partenariat similaire. L'association Ateliers Sans Frontières avait organisé, fin 2004 à Tanger, un atelier international pour la réalisation d'infrastructures sportives et sociales en faveur de la jeunesse du quartier défavorisé Bir Chifa (Arrondissement Béni-Makada). Les bénévoles de l'association comptent également à leurs actifs des projets sociaux en faveur des jeunes des quartiers défavorisés de plusieurs villes du Maroc. Le prochain atelier international de la solidarité aura lieu au quartier Yaakoub Mansour à Rabat en partenariat avec une association locale.

Driss Hidass
Source : Al Bayane

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