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Consommation des ménages : 1/3 de la consommation pour 10% des plus riches

En une décennie, les inégalités ne se sont pas estompées, bien au contraire. On s’en doutait un peu, et ne voilà-t-il pas l’enquête sur la consommation des ménages pour confirmer ces faits.

L’inégalité des dépenses de consommation est plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural, la dépense y étant plus importante. «Bien que le schéma de l’inégalité n’ait pas changé, son accentuation a touché essentiellement la population urbaine pauvre». Telles sont les conclusions des tests statistiques du HCP (Haut-Commissariat au Plan). Selon l’organisme des statistiques, «le processus de développement va d’abord provoquer une augmentation de l’inégalité globale avant de conduire à sa baisse». Et de conclure qu’un tel processus conduit inévitablement à une baisse de la pauvreté. A condition que la croissance ne soit pas aussi molle qu’aujourd’hui.

C’est d’ailleurs le grand casse-tête des décideurs: Comment fabrique-t-on une croissance rapide?
Donc, inégalité en hausse en milieu urbain, mais aussi entre l’urbain et le rural: un citadin dépense le double d’un rural en 2001. L’écart s’est creusé de près de 1.000 DH en trois décennies.
«La différence entre les dépenses par personne des deux milieux de résidence montre qu’elle s’est progressivement approfondie. Elle est passée (en DH constant-base 2001), de 4.696 DH en 1971 à 5.355 DH en 2001», explique le HCP.

Aussi, la moitié la plus aisée des Marocains réalise, en 2001, trois quarts de la masse totale des dépenses de consommation alors que l’autre moitié, la moins aisée, n’accapare que le quart restant.
Par conséquent, un Marocain sur deux vit avec une dépense annuelle égale ou inférieure au seuil de la dépense médiane (près de 6.000 DH par an et par personne en moyenne). Cette dépense médiane passe à 7.903 DH par personne et par an dans les villes, et de 4.331 dans les campagnes.
Les Marocains appartenant à la classe des 10% la plus aisée dépensent en moyenne par an, plus de 15.548 DH, c’est-à-dire un tiers de la dépense totale. Soit 43 DH par jour passent à la consommation.

En milieu urbain, le montant passe à près de 20.000 DH contre près de 9.000 DH en milieu rural. Les 10% les «moins favorisés» vivent avec une dépense de 2.783 DH par an, c’est-à-dire environ 7 DH par jour par personne!

La décomposition de l’inégalité de la dépense annuelle moyenne montre que la réduction des écarts entre les dépenses des divers groupes d’éducation du chef de ménage contribue le plus à la réduction de l’inégalité sociale.

«Fondée sur la répartition des niveaux de vie, l’analyse des inégalités, en 2001, réitère la persistance des inégalités spatiales et sociales», explique le HCP. Selon les analystes, au moment où la pauvreté demeure une caractéristique saillante du milieu rural, l’inégalité frappe de plein fouet le milieu urbain.

Pour eux, toute perspective d’atténuation des inégalités doit passer par «la révision du rôle de la scolarisation, que ce soit en termes d’équité des dépenses de consommation que de rehaussement du niveau de vie de la population».

La question du pouvoir d’achat n’a jamais été le point fort des gouvernements qui se succèdent. Quand il y a «actualisation» des salaires, celle-ci se fait sur la base de références si anciennes, qu’elles n’ont plus de sens.

Source : L'Economiste

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