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Rabat multiplie les signaux de lutte contre l'émigration clandestine

Soumises à la pression de plus en plus forte des pays européens, dont la France et l'Espagne, les autorités marocaines multiplient les coups de filet depuis début 2004 contre les candidats à l'émigration clandestine.

Officiellement, selon les chiffres communiqués à l'issue d'un conseil ministériel organisé le 16 septembre à Rabat, le Maroc affirme avoir "mis en échec près de 20.000 tentatives d'immigration clandestine" depuis septembre 2003.

Selon l'agence de presse marocaine MAP, 148 clandestins, dont 83 Marocains, 10 Algériens et 45 ressortissants d'Afrique subsaharienne, ont été interpellés du 24 au 26 septembre. Plusieurs opérations, menées en différents endroits, s'étaient déjà soldées par l'interpellation de 450 candidats à l'émigration clandestine dans la semaine du 16 au 23 septembre.

Longtemps cantonnées à l'arraisonnement des embarcations qui tentaient de franchir clandestinement les 15 kilomètres du détroit de Gibraltar, les opérations des services de sécurité s'attaquent désormais aux filières d'immigration. La police et la gendarmerie marocaines multiplient également les rafles dans les quartiers populaires de certains grandes villes (Tanger, Rabat, Laâyoune) et les zones rurales (grottes et forêts) où se concentrent les futurs clandestins dans l'attente de leur passage vers l'Union européenne.

Les moyens les plus fréquemment utilisés par les passeurs sont des embarcations de petites tailles, surmotorisées (surnommées "pateras"), qui tentent, notamment en été, de déjouer la vigilance des gardes-côtes marocains et espagnols. L'embarquement clandestin à bord des poids-lourds qui transitent par le port de Tanger est également très prisé, provoquant l'inquiétude des transporteurs routiers internationaux, souvent condamnés, pour des raisons sanitaires, à détruire leur cargaison en cas de découverte d'un clandestin.

Le Maroc et l'Espagne organisent depuis quelques mois des patrouilles maritimes conjointes dans le détroit de Gibraltar où un dispositif de surveillance électronique (SIVE) du littoral andalou a été mis en place par l'Espagne. Par ailleurs, des officiers de liaison français ont été récemment autorisés à s'installer à Tanger pour surveiller les tentatives d'intrusion dans l'espace Schengen qui regroupe 13 pays de l'Union européenne et entre lesquels la circulation se fait librement.

"Nous attendons de la France qu'elle se fasse notre avocat au sein de l'Union européenne pour lutter plus efficacement contre l'immigration clandestine, un chantier qui nécessite de gros moyens financiers", avait déclaré le général Hamidou Laânigri, directeur de la police marocaine en marge de la visite de travail effectuée à la mi-septembre au Maroc par le ministre français de l'Intérieur, Dominique de Villepin. Celui-ci a par ailleurs loué la mise en place d'une "plateforme de renseignement" maroco-européenne pour lutter contre les filières d'immigration, soupçonnées d'être utilisées par des terroristes islamistes.

Les autorités marocaines, qui communiquent systématiquement leurs interpellations pour répondre aux critiques de "laxisme" exprimées notamment par le précédent gouvernement espagnol de José-Maria Aznar, dénoncent par ailleurs "le laisser-aller" régnant à la frontière maroco-algérienne, officiellement fermée depuis 1994.

"C'est un secret de polichinelle, cette frontière est une passoire car les militaires algériens ferment les yeux sur le passage des clandestins et laissent le Maroc s'exposer en première ligne dans cette lutte jugée prioritaire par nos partenaires européens", explique ainsi un responsable gouvernemental marocain ayant requis l'anonymat.

Une autre filière clandestine se développe au départ de la côte atlantique du Sahara-Occidental à destination de l'archipel espagnol des Canaries.

Fuyant la misère et l'absence de perspective, des milliers d'Africains traversent chaque année les frontières du Sahara à destination du Maroc, dernière étape avant "l'Eldorado européen". Il s'agit d'un voyage périlleux exposé aux arrestations, ainsi qu'aux rackets en tout genre, sans parler du risque de noyade.

Source : Associated Press

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