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Quand L'Express revisite les réseaux au Maroc

Sous le titre, « Spécial. Les réseaux au Maroc », l'hebdomadaire français L'Express livre dans son édition du 13 au 19 octobre une longue enquête sur les cercles d'influence marocains, leur évolution et leurs différentes connections avec le Palais.

Ce dossier d'une douzaine de pages livre donc un catalogue détaillé du microcosme des réseaux plus ou moins formels qui gravite autour du Roi. Premier cercle décrit « Le Collège royal ». Créé en 1942 par le Sultan pour ses deux fils, cet établissement d'élite où Mohammed VI étudiera de la 6ème au baccalauréat va former nombre de futurs proches collaborateurs du roi. Selon L'Express , parmi les anciens camarades de classe du souverain « le ministre délégué à l'intérieur, Fouad Ali El Himma, est sans doute, entre tous, celui qui a aujourd'hui le plus de pouvoir.

Bien plus en tout cas que ne le laisse supposer son titre ! ». Cet homme discret serait « l'œil du palais » et aurait « l'oreille du roi ». Toujours selon l'hebdomadaire, d'autres anciens élèves du Collège royal sont également restés très proches du Roi, comme Rochdi Chraïbi, « l'un des principaux hommes de confiance du souverain » ou encore Mohammed Yassine Mansouri devenu récemment le patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les Services de renseignements extérieurs du Maroc, qui serait aujourd'hui « l'étoile montante du régime ».

La seconde catégorie surnommée « la génération M6 » serait impulsée en grande partie par Fouad Ali El Himma qui aurait « ainsi constitué un réseau informel, qui reste très ouvert, de quadras -la génération du Roi- cooptés généralement après avoir fait la preuve de leur efficacité et de leur volonté de s'investir (…) Plusieurs critères les caractérisent : leur âge, un niveau d'études élevé, une loyauté envers la royauté et une envie de faire "bouger les choses" ». D'après l'hebdomadaire, un homme « compte tout particulièrement parmi "les quadras du Roi", "mais" se positionne plutôt comme un rival de Fouad Ali El-Himma ». Il s'agit de Mohamed Mounir Majidi, surnommé « 3M ». Ce « pilier du régime » dirige actuellement, à la fois, le secrétariat du roi et la Siger.

On trouve ensuite le cercle des « X et Ponts ». Il s'agit des ingénieurs marocains formés dans les plus grandes écoles françaises, et tout particulièrement les anciens des Ponts et Chaussées qui constituent « un véritable corps » selon l'universitaire français Pierre Vermeren qui vient de publier un ouvrage sur les élites marocaines. L'actuel secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Chakib Benmoussa ou Mohamed Boussaid, ministre de la Modernisation des secteurs, en font partie.

Quatrième cercle mis en avant : « les anciens de Descartes », c'est à dire les anciens élèves du célèbre lycée français de Rabat. Là aussi, de très nombreux ministres du gouvernement actuel sont passés par cette institution, symbole du système de reproduction des élites.
Vient ensuite la catégorie des « Fassis ». « L'argent, la politique, la haute administration : les Fassis sont une minorité nantie, même si elle a aujourd'hui perdu de son influence », résume à ce propos L'Express qui cite plusieurs grandes familles originaires de Fès, comme celle du fondateur de l'Istiqal, Allal el-Fassi, ou les Bensouda.

« Les Berbères » constituent pour les auteurs du dossier le sixième cercle. Selon eux, le « tissu associatif, qui constitue le mouvement amazigh, est devenu un véritable réseau » notamment grâce à l'Institut royal de la culture amazigh animé par Rachid Raha. « Les ex-prisonniers politiques » avec, à leur tête, Driss Benzerki (président de l'IER) et Salah el-Ouadie forment le 7ème cercle influent. Le huitième regroupe « les femmes d'affaires » qui ne cessent de faire progresser leur influence dans les hautes sphères économique et politique du pays depuis 5 ans grâce à leur association, l'Afem (Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc).

Enfin dernière catégorie, « les conseillers du commerce extérieur de la France », nommés par le Premier ministre français, « ils ont pour tâche d'aider les entreprises de l'Hexagone à développer leurs activités dans le royaume, notamment grâce aux étroites relations qu'ils entretiennent avec le microcosme politico-économique marocain ». « Un système unique au monde » qui semble pour l'instant bien fonctionner. Enfin, par de petits encadrés, ce dossier évoque également la bataille pour la direction de la CGEM, le réveil des francs-maçons, l'influence de l'organisation islamique Al Adl wal Ihsane, l'ancrage populaire des zaouïas et le rôle des juifs proches du pouvoir. La boucle est bouclée.

Clément Prunières
Source: Le Journal Hebdo

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