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Clichy s'apaise, la Seine-Saint-Denis s'enflamme toujours

Des tirs à balles réelles ont été signalés hier à La Courneuve, Noisy-le-Sec et Saint-Denis.

La propagation est là. Encore difficile à interpréter. Une semaine après le début des émeutes à Clichy-sous-Bois, les incidents ont continué à s'étendre dans la nuit de mercredi à jeudi, en banlieue parisienne. Selon le député (UMP) Georges Tron, des «groupes extrêmement organisés» sont à l'oeuvre et les violences «n'ont plus aucun lien» avec la mort de Zyed et Bouna, électrocutés à Clichy-sous-Bois, après une course poursuite avec la police (lire page 6). Hier, les services de police comptabilisaient 315 voitures brûlées la nuit précédente, dont 177 en Seine-Saint-Denis. Des tirs à balles réelles ­ sans faire de victime ­ ont été signalés à La Courneuve, contre la BAC, à Noisy-le-Sec, en direction des pompiers, et à Saint-Denis, contre des policiers.


Tache d'huile. Paradoxalement, la situation semblait sous contrôle à Clichy-sous-Bois, après la réunion de concertation du maire, Claude Dilain, et de son équipe avec le ministre de l'Intérieur, mercredi. Les élus de Clichy-sous-Bois avaient obtenu la mise en place d'un dispositif policier «moins provoquant», ainsi que l'avaient exigé les médiateurs des quartiers. «Ici, les choses s'apaisent, enfin touchons du bois, par la mobilisation de tous», explique un cadre municipal qui juge l'effet tache d'huile «effrayant». «A Clichy, nous avons assisté à une volonté d'affrontement avec la police, mais pas une volonté de tout fracasser comme ça.» Aulnay a perdu un poste de police et une école. La ligne B du RER a été caillassée au Blanc-Mesnil, où un bus de la ligne 251 a été attaqué, puis incendié. «Le prétexte, c'est la solidarité avec Clichy. Mais maintenant c'est d'en découdre avec les forces de l'ordre, si ce n'est avec Sarkozy. Les jeunes disent : "On va voir s'il va passer le Kärcher..."» Après le caillassage de deux bus à Stains hier, le trafic était fortement pertubé dans la soirée dans tout le département.

A Bobigny, à la Maison des avocats, lors d'une conférence de presse organisée par plusieurs organisations professionnelles, dont le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France (SAF), on parlait d'une «stratégie de la tension» du ministre de l'Intérieur, tout en déplorant le «retrait de l'Etat en matière de politique de la ville» en Seine-Saint-Denis. «Les mineurs qui sont déférés ces derniers jours pour des actes de violence sur des fonctionnaires sont peu connus, voire inconnus des services de police», a remarqué l'ex-président du Syndicat de la magistrature Alain Vogelweith, juge des enfants en Seine-Saint-Denis.

Contentieux. «Il ne s'agit pas de tenir un discours antipolice, mais il y a une incompréhension totale entre les jeunes et la police, a souligné Charlotte Trabut, pour l'Association des magistrats de la jeunesse et de la famille. Le contentieux jeunes-police se constate dans les affaires d'outrage et de rébellion, qui représentent une part énorme des dossiers que nous traitons.» Face aux jeunes, les effectifs de police en Seine-Saint-Denis sont «particulièrement jeunes et inexpérimentés», ont relevé avocats et magistrats. «Chacun a peur de l'autre», a commenté Me Cecile Curt, pour la section locale du SAF.

Source: Libération

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