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Terrorisme: Le Maroc sur le pied de guerre

Sur leur garde depuis quelques semaines déjà, à cause de l’annonce d’une action terroriste sur le territoire marocain, les forces de l’ordre ont arrêté 17 islamistes présumés début novembre. Ces derniers sont soupçonnés de préparer des actes terroristes. «Il s’agit du démantèlement d’une cellule terroriste en formation», indique une source policière digne de foi. Les opérations ont été conduites par le Service central des Renseignements généraux.

Les 17 prévenus étaient encore en garde à vue à l’heure où nous mettions sous presse. Une source judiciaire affirme cependant qu’ils comparaîtront, aujourd’hui 22 novembre, devant le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat. Mais rien n’empêche les agents de la Police judiciaire (PJ) de reconduire la période de garde à vue initialement fixée à 96 heures (4 jours). Selon la loi antiterrorisme, cette période peut être reconduite à deux reprises après autorisation du parquet.


· Etudiant en théologie

L’opération vient couronner plus de 8 mois d’enquêtes policières puisque les services de sécurité se sont intéressés, depuis mars dernier, à un ressortissant marocain répondant au nom de Khaled Azig, ex-étudiant en théologie en Syrie et effectuant de fréquents déplacements entre ce pays et la Turquie. Selon une source policière, Azig est entré au Maroc en juin 2005. Il a ensuite été rejoint le 29 septembre par un autre suspect, Mohamed Reha. Ce Belge d’origine marocaine a séjourné en Syrie. «De plus, il entretient des liens étroits avec des réseaux islamistes en Europe», souligne la même source.

Les deux suspects ont été arrêtés à Casablanca. Les enquêtes de la PJ et de la direction centrale des Renseignements généraux (service des islamistes) révèlent qu’Azig et Reha avaient pour mission de recruter des membres afin de constituer une structure terroriste au Maroc».
Une fois installés, ces deux activistes présumés nouent des relations avec des Marocains ayant reçu une formation paramilitaire en Afghanistan. Certaines sources avancent même qu’ils sont entrés en contact avec deux anciens détenus du centre américain de détention de Guantanamo, Brahim Benchekroun et Mohamed Mazouz, qui auraient adhéré à leurs projets. Mazouz et Benchekroun dont le procès est actuellement en cours devant le tribunal antiterroriste ont pu bénéficier de la liberté provisoire au début du procès. Mais ils ont perdu ce privilège lors de l’audience du 15 novembre puisque le juge a décidé de les placer en détention provisoire pour avoir «aidé un membre d’Al Qaida à s’infiltrer au Maroc».

Pour l’heure, aucune information ne filtre sur les chefs d’inculpation, mais tout porte à croire que le procureur retiendra la qualification d’association de malfaiteurs aggravée par la préparation d’actes terroristes. Si l’instruction conclut à la culpabilité, les deux chefs de file, Azig et Reha, risquent une réclusion criminelle de 20 ans.

Par ailleurs, les autorités ont procédé ces derniers jours au renforcement des mesures de sécurité sur les routes où l’on peut remarquer plusieurs barrages de gendarmerie. Ce tour de vis, qui a également été ressenti aux aéroports ainsi que dans des endroits touristiques, intervient après la menace d’un groupuscule islamiste marocain «Tawhid et Jihad au Maroc». Ce dernier avait annoncé, début novembre, qu’il déclarait la guerre aux autorités de Rabat.


Sort scellé?

L'arrestation des 17 terroristes présumés pourrait bien avoir des conséquences désastreuses pour les deux citoyens marocains Abdelkrim El Mohafidi et Abderrahim Bouâlam, détenus en Irak par le groupe terroriste Al Qaida.

Selon une source policière, la médiatisation de la dernière opération antiterroriste pourrait bien sceller le sort d’El Mouhafidi et de Bouâlam. «Nous ne sommes pas à l’abri d’un acte de vengeance de la part d’Abou Moussâb Zerkaoui, le chef de la fraction irakienne d’Al Qaida. Surtout si l’on sait que l’un des détenus a effectué plusieurs voyages en Irak et qu’il pourrait bien y avoir rencontré quelques membres de la branche irakienne d’Al Qaida», ajoute cette source. Rappelons que la branche militaire d’Al Qaida en Mésopotamie a revendiqué en octobre dernier sur un site islamiste, l’enlèvement des deux ressortissants marocains en Irak et employés de l’ambassade du Maroc en Irak.

Les deux citoyens ont disparu le 20 octobre dernier. Ce jour-là, Bouâlem et El Mouhafidi étaient partis chercher leurs salaires à l’ambassade d’Amman (Jordanie) à bord d’un véhicule diplomatique. Sur le chemin du retour, ils seront attaqués par un groupe d’extrémistes.
A l’heure où nous mettions sous presse, le Maroc est toujours sans nouvelles de ses deux ressortissants.

Naoufal BELGHAZI
Source : L'Economiste

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