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Les «youyous» maghrébins soulèvent l'Assemblée

Tollé après la sortie d'un élu UMP sur ces manifestations de joie lors des mariages.


Une simple «maladresse», comme le dit l'UMP ? Ou un «dérapage raciste» en pleine séance de questions au gouvernement, comme le soutient le PS ? François Grosdidier, député UMP de Moselle, a mis hier l'Assemblée nationale sens dessus dessous en posant une question sur les mariages blancs. «Ma question ne porte pas sur le racisme anti-Blancs, phénomène sur lequel j'attends une réponse écrite, mais sur les mariages blancs. Dans ma commune (Woippy, ndlr), lors d'un mariage sur deux, l'hôtel de ville résonne de youyous...» Tollé sur les bancs de la gauche. Le député PS Gérard Bapt dessine une croix gammée sur une feuille et la brandit en direction de Grosdidier, qui s'était déjà illustré la semaine dernière en s'en prenant aux textes de rappeurs français.

Après s'être concerté avec François Hollande, Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS, monte au perchoir pour s'entretenir avec Jean-Louis Debré. Qui se contente de dire au micro qu'il faut «faire attention à certains propos». Revenu à sa place, Ayrault fait parvenir un mot indigné au Premier ministre. Et Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe, appelle la représentation nationale à «condamner ces propos racistes».

Sitôt la séance des questions closes, Grosdidier vient faire son service après-vente devant la presse. Certains collègues UMP lui adressent une tape amicale. Des socialistes lui envoient des «facho, facho». Président du groupe UDF, Hervé Morin lui adresse son «mépris». Jean-Marc Ayrault, cinglant, se réfère au passé de militant d'extrême droite de Grosdidier et à sa proximité avec Sarkozy pour lancer : «On parle de Kärcher, de racaille, de polygamie, de youyou... Et bientôt, on dira que la France est envahie !» Dans son coin, le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, essaie de faire baisser la pression en parlant de «maladresse verbale». «S'il a choqué quelqu'un...»

Une fois le calme revenu, Grosdidier fustige les «réflexes conditionnés» de la gauche qui n'aurait pas écouté sa question jusqu'au bout. Le compte rendu analytique de la séance indique en effet que le député a bien parlé de «youyous», avant de se réjouir de «ces formidables moments de bonheur que nous partageons avec les familles». Contrairement, selon lui, à ces mariages où «il n'y a que les futurs époux et les témoins qui ne se connaissent manifestement pas» et qu'il soupçonne être des mariages blancs. Ce passage, rendu inaudible par les huées, nuance fortement ses déclarations. Il n'en reste pas moins que mêler dans la même phrase «racisme anti-Blancs», «youyous» et «mariages blancs» relève, au minimum, d'un grossier amalgame.

Source: Libération

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