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Football : Abdessadki resplendit au Racing de Strasbourg

Auteur de son premier doublé en Ligue 1, samedi, Yacine Abdessadki a aiguillé le Racing sur les rails du succès. Une juste récompense pour ce Niçois au parcours erratique qui semble enfin offrir de la constance à son talent.

« Mickaël Pagis a du souci à se faire. Avec ce doublé, je suis lancé ! » Yacine Abdessadki est impayable. Le clin d'oeil, lancé à l'adresse du meilleur buteur du Championnat (7 réalisations) est bien sûr à prendre au second degré. Avec désormais trois unités à son compteur personnel - ouvert face à Lens -, il n'a nullement la prétention de venir titiller son coéquipier.

Abdessadki n'est de toute façon pas le genre d'homme à tirer des plans sur la comète. Du moins, il ne l'est plus. En dépit d'une inépuisable gouaille de fanfaron et d'un look de victime de la mode savamment entretenu, celui qui va sur ses 24 ans sait que la vérité du jour est rarement celle du lendemain. Il a payé pour voir.

Égaré en route

En débarquant à Strasbourg voilà six ans, dans les bagages de Philippe Thys, le joueur du Sporting Club de Toulon s'était cru « arrivé ». D'autant que Pouliquen lui ouvre alors le jour même de sa prise de fonctions les portes de l'équipe fanion.

Sa technique affirmée, son sens du dribble et sa vision de jeu le propulsent d'entrée au rang de grand espoir du foot français. Les plus optimistes se risquent même un peu hâtivement à le comparer à Zidane. Un fardeau lourd à porter pour un minot de 17 ans...

Ça n'a pas manqué. Abdessadki s'est rapidement égaré en route. Les apparitions avec les « grands » se font rares alors que les motifs de dispersion s'accumulent.

Jusqu'au point de non retour, quand le club lui offre voilà deux ans un sympathique mais salvateur crochet par Grenoble, histoire de découvrir la vraie vie. Celle d'un footballeur plongé dans l'anonymat de la L 2, obligé de se dépouiller à chaque match, sous peine de disparaître définitivement de la circulation. « Je n'étais pas très mûr, sourit l'intéressé. Mais toutes ces galères m'ont servi. J'ai gagné en expérience. »

« Pas mal bougé »

Revenu au Racing par la grande porte, la saison dernière, Abdessadki gagne aux forceps la confiance de Kombouaré. Même si le Franco-Marocain se contente de jouer les utilités, en fonction des besoins du moment, il prend racine dans l'équipe.

« C'est vrai que j'ai pas mal bougé, rappelle Abdessadki. Devant, derrière, à gauche, à droite, dans l'axe, je crois que j'ai tout fait ! Là où je me sens le plus à l'aise, c'est en tant que "6", en milieu récupérateur. Pour me sentir bien, il faut que je touche beaucoup de ballons. »

« Il m'a bien recadré »

Encore loupé. Depuis la reprise en main de Duguépéroux, le garçon hérite du flanc droit. Avec la réussite que l'on sait. « Le coach m'a bien recadré, ajoute-t-il. Son discours est clair. Il me fait confiance à 100%. A moi de lui rendre la pareille sur le terrain. Ça marche, puisque je retrouve mes sensations des débuts. »

Dans ce rôle à contre-emploi, Abdessadki parvient depuis peu à tirer la quintessence de ce qui lui est demandé. « Je ne suis pas un ailier comme Salim (Arrache), poursuit-il. Je n'ai pas ses qualités de vitesse. Mais je compense avec ma technique. Ce qui me permet régulièrement de rentrer dans l'axe. Finalement, je ne suis pas si éloigné que ça de mon poste de prédilection ! »

L'aventure marocaine

Après des années de doutes, d'apprentissage et de remise en question, Abdessadki semble enfin récolter les fruits de son travail. Mardi dernier, contre le Burkina Faso, il a même inscrit son premier but international sous le maillot marocain. Le pays de ses parents qu'il ne connaît qu'à travers les... cartes postales et quelques vacances, comme la plupart des fils de l'immigration appelés en sélection.

« Tout s'enchaîne vite actuellement, dit-il. Je n'ai pas trop eu l'occasion de "calculer" ce qui m'arrive. Avec le Maroc, je suis peut-être à l'aube d'une belle aventure qui peut me mener jusqu'au Mondial-2006. Avec le Racing, on a un beau challenge à relever. Il suffit juste d'exploiter notre potentiel. »

Un potentiel qu'Abdessadki a infiniment grand. Reste encore à l'exploiter à bon escient. Ensuite, Pagis pourra toujours se mettre à trembler. Pour de vrai.

Source : Dernières Nouvelles d'Alsace

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