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Diaspo #260 : Entrepreneur dans l’âme, Rachid Boumazoughe veut conquérir le Maroc

Rachid Boumazoughe gère aujourd’hui trois entreprises familiales en Belgique flamande. La plus récente, «Ewajasnacks», propose des produits surgelés certifiés halals, à base de poulet et d’autres végétariens. Des snacks que le Belgo-marocain espère présenter prochainement aux consommateurs marocains.

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Rachid Boumazoughe gère trois entreprises familiales en Belgique flamande, dont «Ewajasnacks». / Ph. Joris Herregods
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Né à Anvers, dans la région flamande de la Belgique et âgé de 31 ans, Rachid Boumazoughe est un entrepreneur dans l’âme. Aujourd’hui, il gère trois entreprises familiales opérant dans différents secteurs. Après avoir étudié l’économie au collège et lycée, Rachid s’est orienté vers l’architecture d’intérieur. Un domaine qu’il finit par quitter. Alors qu’il était, petit, assez doué à faire des petits commerces, le Belgo-marocain décide de fonder sa propre entreprise Butler Tech, une spécialisée dans la sous-traitance de services.

Aujourd’hui, la société est associée par contrats à plusieurs grandes sociétés en Belgique, actives dans les domaines industriels, de télécommunications et même des chemins de fer. «La société emploie plusieurs profils, dont ceux qui ne sont pas diplômés. Ces derniers suivent des formations au sein de l’entreprise puis des stages de perfectionnement», nous confie le jeune belgo-marocain. «L’objectif est d’aider les personnes à intégrer le marché d’emploi. L’entreprise emploie des personnes de différentes cultures, y compris des Marocains et des Turcs, car il y a de la «hogra» et de la discrimination ici»

«Plusieurs jeunes sont diplômés et expérimentés mais ne trouvent pas des emplois qui répondent à leurs attentes. Je ne dirai pas que la société est très connue, mais nous recevons pas mal de demandes d’emploi.»

Rachid Boumazoughe

Des produits surgelés 100% halal

Avec ses frères Younes et Aissa, Rachid Boumazoughe dirige aussi la société «De Noterij», qui dispose de plusieurs succursales en Belgique et qui propose des produits à base de noix, d’amandes et fruits secs.

Des produits de la société «De Noterij» des frères Rachid, Younes et Aissa Boumazoughe. / DRDes produits de la société «De Noterij» des frères Rachid, Younes et Aissa Boumazoughe. / DR

Mais il y a deux ans, Rachid et son frère Said Boumazoughe ont lancé une nouvelle entreprise, «Ewajasnacks», spécialisée dans les produits surgelés et snacks halals en Belgique. A l’origine de cette société, «une chanson sur "Ewaja" qui a été un succès ici», nous confie Rachid. «Ewaja veut dire "c’est ça !". C’est un mot qui a été ajouté au dictionnaire néerlandais officiel pour le flamand en 2020», explique-t-il.

Le Belgo-marocain a ainsi vu en ce succès «une opportunité d’affaires» pour notamment transformer ce mot en une «marque». «Il a donc géré la partie création et packaging et je me suis intéressé au produit», ajoute-t-il. Partant du constat concernant la rareté des produits surgelés halals en Belgique, les deux frères trouvent une entreprise néerlandaise produisant de la viande du poulet 100% halal et lancent leurs produits surgelés.

«Contrairement aux sociétés qui existent en Europe, le boulet qu’on utilise n’est pas obtenue par la technique VSM (viande séparée mécaniquement) et ne continent donc pas des cartilages et des os du poulet. Dès que le produit a été conçu, nous avons commencé à le distribuer dans les grandes surfaces ici en Belgique, comme Jumbo et Aldi», abonde-t-il.

Rachid et Said Boumazoughe. / Ph. Joris HerregodsRachid et Said Boumazoughe. / Ph. Joris Herregods

Le Belgo-marocain assure avoir visité 7 grandes entreprises en Europe qui abattent conformément aux rituels islamiques afin de choisir son partenaire. «J’ai demandé à voir le processus avant de trancher. Plusieurs font appel à des étrangers pour le sacrifice rituel contrairement à notre partenaire turc basé aux Pays-Bas», tient-il à préciser.

Des produit végétariens et des discussions pour exporter vers le Maroc

Après le lancement et le succès des produits d’«Ewajasnacks» à base de poulet, Rachid et son frère viennent de lancer une nouvelle gamme de produit végétariens 100% halal, avec notamment des burgers surgelés sans viande et des produits frais. «Nous sommes dans les dernières phases avant le lancement de ces produits végétariens», nous informe-t-il. «Nous sommes les premiers à produire ces burgers végétariens 100% halal. Pour y parvenir, nous avons dû écarter plusieurs ingrédients et les remplacer avec des produits conformes», précise-t-il. 

Pour promouvoir ce nouveau produit, les deux frères Boumazoughe ont récemment conclu un partenariat avec le club de football Koninklijke Beerschot Voetbalclub Antwerpen. 

Rachid et Said Boumazoughe avec un responsable du club Koninklijke Beerschot Voetbalclub Antwerpen. / Ph. Joris HerregodsRachid et Said Boumazoughe avec un responsable du club Koninklijke Beerschot Voetbalclub Antwerpen. / Ph. Joris Herregods

«Nos produits sont certes basés sur du marketing ethnique mais ils ne s’adressent pas qu’aux musulmans d’ici. L’objectif a été de séduire à la fois les communautés musulmane et non musulmane. Même dans les publicités pour les produits, nous avons fait appel à des acteurs belges pour montrer qu’ils s’adressent aussi à eux.»

Rachid Boumazoughe

Le Belgo-marocain ne cache pas son ambition d’exporter les produits d’«Ewajasnacks» vers le Maroc. «Je suis actuellement en discussions avec un grand supermarché au Maroc pour distribuer aux consommateurs marocains», révèle-t-il. «L’ambition est de conquérir plusieurs nouveaux marchés, dont celui du Maroc, du Qatar et des Emirats arabes unis. Actuellement, nous sommes en contact avec certains distributeurs dans ces pays qui n’ont pas ce type de produit», explique-t-il encore.

Pour l’entrepreneur, la «persévérance reste la clé de la réussite». «La discrimination existe partout mais si la personne persévère, Dieu lui ouvrira des portes et elle pourra réussir des projets. Certains utilisent malheureusement le racisme comme prétexte. Mais c’est avec la motivation et la détermination qu’on peut combattre le racisme et la discrimination», déclare-t-il en prônant de «croire en soi». «Il faut montrer aux autres qu’on peut réussir et qu’il n’y a pas que des choses négatives venant de la diversité et de l’immigration», conclut-il.