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Avis sur le début d'une histoire
12 avril 2025 19:19
Salam les yabis,

J'ai écris le début d'un roman autobiographique sur mon père et notre famille il n'y a pas si longtemps et j'aimerais vous le partager déjà... pour le partage, puis deuxièmement pour avoir vos avis et savoir si vous aimeriez une suite en tant que lecteurs.

Merci d'avance pour ceux qui prendront le temps de lire et donner des critiques constructives.

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1975 ; CAMBODGE

Le crépuscule s’abattait sur les rizières du Cambodge, noyant le paysage dans une ombre inquiétante. Les silhouettes décharnées des villageois se traînaient à travers la boue, leurs visages creusés par la faim et la peur. Leang, un garçonnet de douze ans, serrait convulsivement la main de sa soeur cadette, Sian. Ses doigts fins et tremblants se crispaient autour de sa paume, comme si ce contact fragile était tout ce qui les rattachait encore à la vie.
Leurs parents avaient disparu, emportés par la marée sombre des Khmers rouges, engloutis par la nuit sans promesse de retour. Leang n'avait plus que sa soeur, une fillette frêle de six ans aux yeux agrandis par la terreur, et il s'était juré de ne jamais la lâcher. Ils avaient été séparés des autres membres de la fratrie, ne restait plus qu’eux. Sa cadette était la seule preuve tangible qu’il n’était pas le dernier survivant de leur famille.
Le ciel se teintait d’un rouge sinistre, comme un avertissement silencieux. Les bruits de la jungle étaient étouffés par un silence lourd, opprimant, seulement perturbé par le clapotis des pieds s'enfonçant dans la boue. Leang sentit son coeur battre trop fort, trop vite.

- Leang, j’ai soif… murmura Sian, sa voix à peine un souffle, plus une supplication qu’une demande.

Il la regarda, son visage sale et maculé de larmes.

- On continue, Sian. On doit trouver un endroit où se cacher, lâcha-t-il en tentant de puiser une fermeté dont il n’était pas certain de posséder en ces instants d’incertitude.

Mais alors qu’ils avançaient, un sifflement perça l’air, suivi d'une explosion sourde. La terreur éclata autour d'eux comme une vague implacable. Les villageois, qui jusqu’alors semblaient être des ombres spectrales, se transformèrent en une masse hurlante, une marée humaine se ruant vers n’importe quel abri, n’importe où, loin de la mort qui approchait. Dans la confusion, Leang trébucha. Sa main glissa de celle de Sian, un contact perdu dans le chaos. Un frisson glacé le traversa, comme si on lui arrachait une partie de lui-même. Il se releva en hâte, le coeur serré par la panique.
« Sian ! » Sa voix se brisa dans la nuit grandissante, mais le nom de sa soeur se perdit dans le vacarme, emporté par les cris des mourants et les échos de l’horreur.
Il se jeta en avant, ses pieds pataugeant dans la boue noire, cherchant désespérément la petite silhouette de Sian. La terreur s’infiltrait dans ses veines, chaque instant s’étirant en une éternité de souffrance. Il l’appelait, encore et encore, mais seul le silence répondait.
Le temps s’effaçait, et autour de lui, les formes se dissolvaient dans l'obscurité. Et puis, au milieu de cette nuit qui semblait vouloir tout dévorer, il vit quelque chose briller faiblement, enfoncé dans la boue : une tresse noire, la tresse de Sian, arrachée et abandonnée. Leang tomba à genoux, ses mains tremblantes se refermant sur cette dernière trace de sa soeur. Autour de lui, le monde continuait de s'effondrer, les Khmers rouges approchant inexorablement. Mais pour Sian, tout s’était arrêté. L’horreur qui l’entourait n’était plus qu’un écho lointain, noyé par la douleur de cette perte irréparable.

Une main brutale le saisit par le bras, tirant sur lui pour l’arracher à sa torpeur. « Petit, ils arrivent ! »

Mais Leang ne bougea pas, ses yeux vides fixant la tresse de Sian. L’espoir s’était éteint, emporté par les ombres qui enveloppaient désormais le monde. Il ne la retrouverait jamais, et il savait que ce lien brisé le hanterait pour toujours.
12 avril 2025 19:21
(...) suite.

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1984 ; LOS ANGELES

Le ciel gris s'étendait comme un voile sur l'aéroport de Los Angeles, illuminant la ville d'une lumière froide et indifférente. Leang descendit de l'avion, ses pieds touchant pour la première fois le sol américain, mais il n'y trouva aucun réconfort. La lourdeur de ses pas portait le poids de la guerre et de la misère qu'il fuyait, un fardeau invisible qui l'écrasait plus que jamais.

Autour de lui, tout semblait étranger. Les visages pâles et pressés des passants, l'architecture imposante et déshumanisante de l'aéroport, les voix qui se mêlaient en une cacophonie incompréhensible. Chaque son, chaque mouvement, était une agression, un rappel cruel de ce qu'il avait laissé derrière lui. Le Cambodge, sa terre natale, n'était plus qu'un souvenir brûlant, ravagé par la guerre et les cendres des Khmers rouges.

Leang serrait contre lui un vieux sac de toile, son seul bien. Il n'avait rien d'autre, si ce n'était des souvenirs de sang et de larmes. Ses yeux, hantés par ce qu'ils avaient vu, scrutaient les environs comme s'ils s'attendaient à voir surgir la même violence qui l'avait poursuivi à travers les jungles cambodgiennes. Mais ici, ce n'était pas la guerre qui menaçait, c'était l'indifférence. L'ombre de sa douleur était invisible aux yeux des Américains pressés, qui ne voyaient en lui qu'un immigrant de plus, une âme perdue dans la masse.

L'air de Los Angeles était lourd, chargé d'une odeur étrange de béton et de pollution, rien de commun avec l'air humide et saturé de la jungle cambodgienne. Leang se sentit suffoquer, comme si chaque respiration arrachait un peu plus de son être. Les visages de sa famille disparue flottaient devant lui, fantômes silencieux qui le suivaient à chaque pas. Il avait survécu, mais à quel prix ?

Le refuge qu'il cherchait en Amérique ne se trouvait pas dans ces rues froides et inconnues. Il le savait déjà, au fond de lui. Mais il n'avait nulle part ailleurs où aller. Leang marcha, sa silhouette frêle se perdant dans l'immensité de cette ville hostile. La peur et la solitude étaient ses seules compagnes, des présences sombres qui le suivaient comme une ombre inséparable.
Chaque pas était un acte de survie, une lutte contre le désespoir qui menaçait de l'engloutir. Il n'avait rien, mais il devait continuer. Pour lui, pour la mémoire de ceux qu'il avait perdus. Pourtant, malgré sa volonté, l'angoisse grandissait en lui comme une bête affamée, dévorant le peu d'espoir qu'il avait encore.

Leang leva les yeux vers le ciel, mais celui-ci restait impassible, indifférent à sa souffrance. Il n'était qu'un homme parmi tant d'autres, un survivant sans pays, sans maison, et désormais, sans âme. La guerre l'avait détruit, et l'Amérique l'ignorait. Mais il devait continuer à avancer, malgré tout, même si chaque pas le menait un peu plus loin dans les ténèbres de son propre esprit.

Car ici, dans cette ville étrangère, il n'avait pas trouvé la paix. Seulement une nouvelle forme de guerre, silencieuse et implacable, celle de la survie dans un monde qui ne voulait pas de lui.
12 avril 2025 19:29
C’est vraiment pas mal, non serieux c’est vraiment bien 👍

Si je peux me permettre de suggérer a leang une bagarre dans un local où il servent de la street food bas de gamme et leang qui n’avait pas mangé depuis qu’il a quitté le cambodge, ben était très vénère de voir que le rix a été remplacé par du quinoa et que le boeuf par du tofu.

Creuse vers la tu verras 😃
12 avril 2025 19:43
Alaykoum salam

Merci pour ce partage sincère et généreux Sh-reen, continue cette conversation avec nous si tu veux bien.
C
12 avril 2025 19:51
Franchement chapeau Welcome

C'est très bien écrit et ça donne envie de lire la suite
12 avril 2025 20:27
السلام عليكم

Tu as réussi à me plonger dans ton univers. J'aimerais savoir ce qu'il adviendra de Leang.
S
13 avril 2025 04:35
Jvais metre mes nunettes jvais lire sa a l'air bien

Bravo ma belle
13 avril 2025 18:03
Merci pour vos avis et compliments, ça me motive à poursuivre ! In love

Je publierais la suite ici, peut-être avec quelques changements : Leang immigrera plutôt en France et non pas aux Etats-Unis, pour se rapprocher au plus de la réalité de notre histoire familiale. J'y réfléchis.
26 avril 2025 23:15
Up up !
On attend la suite smiling smiley
Citation
Sh-reen a écrit:
Merci pour vos avis et compliments, ça me motive à poursuivre ! In love

Je publierais la suite ici, peut-être avec quelques changements : Leang immigrera plutôt en France et non pas aux Etats-Unis, pour se rapprocher au plus de la réalité de notre histoire familiale. J'y réfléchis.
 
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