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Le match Galliano-Zemmour
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9 novembre 2011 00:55
Le match Galliano-Zemmour

John Galliano est poursuivi pour injures racistes. Il aurait insulté un couple dans un café à Paris. Il était bourré. Une vidéo le montre également en train de dire son admiration pour Hitler. Le couturier était, là aussi, très imbibé. Dès que ces faits ont été rendus publics, le directeur artistique de chez Dior a été viré de son boulot. Avant de vendre des chiffons et des parfums pour embaumer les riches momies, Dior vend de l’image. John Galliano, coupable ou non de ce qu’on l’accuse, ne pouvait plus représenter la marque, synonyme de bon goût et d’élégance.
John Galliano ne reconnaît pas avoir proféré des insultes racistes et antisémites, en revanche, il a pris l’initiative de publier un communiqué dans lequel il présente ses excuses «sans réserve» si sa conduite «a pu choquer». «L’antisémitisme et le racisme n’ont pas de place dans notre société», affirme-t-il. Nous avons donc là une espèce de pochetron qui refuse de revendiquer les propos dégueulasses qu’il a (ou non) tenus. Qu’il soit sincère ou non, Galliano montre qu’il connaît les lois contre le racisme et qu’il les reconnaît comme étant légitimes. Que Galliano soit malade, alcoolique, drogué, provocateur, simple gros con ou réel admirateur d’Hitler, peu importe: il condamne l’expression du racisme et de l’antisémitisme. À la justice maintenant de dire si ses propos ont été tenus, dans quel contexte et s’ils sont condamnables.
Si tout le monde fuit Galliano comme la peste, il n’en est pas de même avec Éric Zemmour. La situation du journaliste est assez différente de celle du couturier. Tiens, pourquoi?

La haute couture peut mener à Zemmour

Zemmour a été condamné pour provocation à la discrimination raciale. Il n’a perdu aucun de ses nombreux emplois. Il ne s’est excusé de rien et revendique ses propos. Il n’était pas dans un état second quand il les a tenus, ce n’était pas dans un café branché, mais devant des millions de téléspectateurs. Il n’est fui par personne. Au contraire. Ses théories réactionnaires et discriminatoires lui valent une popularité et une reconnaissance qu’il n’aurait jamais pu obtenir en faisant preuve d’un talent quelconque. Summum de la gloire, il a été invité à un colloque de l’UMP où il a pu appeler le gouvernement à supprimer les lois mémorielles et antiracistes sous les applaudissements des militants du parti au pouvoir.
Zemmour est une vedette, Galliano est un paria et un tocard. Galliano ne sera jamais invité à une réunion de l’UMP pour promouvoir ses propos de bistrot. Tout le monde préfère un raciste qui se revendique comme tel à un type soupçonné de l’être mais qui condamne finalement le racisme. En ne s’excusant pas, Zemmour montre qu’il a de plus grosses couilles que Galliano. Le décadent Galliano n’est pas fier d’être raciste? Honte à lui! Galliano ne taillera plus des robes à la con, mais Zemmour, lui, pourra continuer à faire la promotion de la discrimination. Si Galliano a pu déraper, on est sûr que Zemmour, lui, est droit dans ses bottes à clous.
Mais peut-être que, bientôt, grâce au militantisme de Zemmour, les lois contre le racisme seront supprimées. À ce moment-là, des Galliano pourront, d’une part, librement exprimer leur racisme et leur antisémitisme, et, d’autre part, les revendiquer haut et fort.
Galliano l’épave des bistrots bredouille son amour d’un Hitler qui aurait probablement exterminé cet inverti. Zemmour, l’idéologue idole des médias, justifie publiquement la discrimination raciale et accompagne la monté de la haine et du FN dans les sondages. Lequel des deux est le plus dangereux? Lequel des deux est à prendre au sérieux?
Charb
[email protected]
Article publié dans Charlie Hebdo n°977
 
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