L’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA) a publié, jeudi, la deuxième édition de son indice de confiance (Trust Index). Intitulé «La crise comme occasion de renforcer la confiance», le rapport repose sur une combinaison de techniques de recherche quantitatives et qualitatives, ayant permis de sonder 1 400 personnes âgée de 18 ans et plus entre le 15 juillet et le 31 août.
Ainsi, il en ressort que 60% des personnes interrogées estiment que les Marocains se font confiance, alors que 61% des répondants ont déclaré qu’ils font assez confiance aux autres. Les Marocains semblent ne faire confiance qu'à leur famille : 99% des répondants ont affirmé faire confiance à leur famille nucléaire et 85% ont déclaré faire confiance à leur famille élargie. De plus, 72% des répondants disent ne pas faire confiance aux personnes qu'ils rencontrent pour la première fois, 67% d'entre eux ne font pas confiance aux personnes d'autres religions, 64% ne font pas confiance aux personnes d'autres nationalités, 45% ne font pas confiance à leurs voisins et 37 % ne font pas confiance à leurs amis.
Mais lorsqu’il s’agit des liens d'amitié avec des étrangers (personnes d'autres religions ou orientations sexuelles et réfugiés), 71% des répondants ne craignent pas d'avoir des amis d'une religion différente, 74% acceptent d'avoir des amis réfugiés, 29% acceptent des amis athées alors que 19% acceptent d'avoir des amis homosexuels.
Peu d’intérêt pour la politique et moins de confiance dans les partis
Les répondants ont été interrogés aussi sur leur confiance dans la politique. Ainsi, ils ont exprimé un intérêt limité pour les questions politiques actuelles, puisqu’environ 36% seulement ont déclaré suivre la politique avec intérêt contre 46% qui ne la suivant pas du tout. Les résultats de l'étude montrent qu'il y a peu d'implication dans la politique formelle : 98% des répondants ne sont membres d'aucun parti politique. De plus, si 32% ont confirmé qu'ils envisagent de voter aux prochaines élections (en 2021), «environ les deux tiers des répondants (64%) n'envisagent pas de voter» aux prochains rendez-vous électoraux.
Les résultats de l’étude confirment aussi les mêmes conclusions que celles de l’édition précédente concernant le manque de confiance dans les institutions élues. De ce fait, pour les partis politiques, 74% des Marocains ont déclaré qu’ils ne leur font pas confiance (69% l’année dernière). De plus, 70% disent ne pas faire confiance au parlement. Toutefois, l’étude met en exergue une «augmentation de la confiance dans le gouvernement» : 50% des Marocains font confiance à l’exécutif, contre 23% l'année dernière.
Et contrairement aux institutions politiques, les institutions souveraines non élues jouissent de niveaux de confiance beaucoup plus élevés. En effet, le niveau de confiance atteint 86% cette année (contre 78% un an auparavant) pour la police marocaine et 89% (contre 83,3%) pour les forces armées. La confiance est également élevée dans le système judiciaire (61% contre 41% l’année dernière).
Enseignement, santé, corruption et confiance
S’agissant de la confiance dans les secteurs de la santé et de l'éducation, 65% des répondants ont exprimé leur satisfaction de la qualité de l'enseignement public au Maroc et 64% se disent satisfaits de la qualité de l'enseignement privé. Par secteur, la confiance dans l'enseignement privé recule de 83,2% l'année dernière à 70% cette année, alors que celle dans l'enseignement public passe de 48% à 66%.
Pour la santé, la satisfaction à l'égard des services du secteur reste «très faible». En effet, 59% ont exprimé leur insatisfaction des services publics alors que 71% se disent satisfaits des services du secteur privé.
Interrogés sur la corruption, seuls 35% des Marocains sont satisfaits des efforts du gouvernement. La moitié des personnes sondées (52%) estiment que le gouvernement tente de lutter contre la corruption, mais qu’il est incapable de faire mieux. Par secteur, 87% pensent que la corruption est répandue dans le secteur de la santé publique et 55% estiment que corruption et favoritisme sont répandus dans le secteur privé de la santé. Elle touche, selon eux, même le secteur de l’éducation puisque respectivement 48% et 45% considèrent que la corruption est répandue dans les secteurs public et privé de l’éducation.
Globalement, environ 66% des Marocains estiment que les efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces, 70% des personnes interrogées ont exprimé leur inquiétude quant à la tendance générale du pays, 65% sont mécontentement face à la situation économique.